La France est-elle vraiment victime du capitalisme triomphant ?
Note économique / Juin 2005
Le débat suscité par le référendum français sur le projet de traité constitutionnel européen a été plus animé que ceux auxquels ont donné lieu les précédentes consultations démocratiques en France. Il a en effet mis à jour de profonds clivages entre les partisans et les adversaires du traité, au point que des représentants des mêmes partis politiques se sont mutuellement accusés de passer à l’ennemi. Cependant, dans ce concert de voix discordantes, un avis consensuel a été affirmé plus explicitement que jamais. Il s’agit bien sûr du consensus politique anti-libéral. Les partisans de chaque camp ont «vendu» leurs positions comme la meilleure protection qui soit contre les dégâts engendrés par le capitalisme libéral et contre une possible fuite en avant de l’Europe vers toujours plus de libéralisme.
Ceci présuppose l’opinion extrêmement répandue selon laquelle le capitalisme est triomphant en France. Comment pourrait- on sinon lui faire porter la responsabilité du chômage, de la pauvreté, de l’insécurité et de la plupart des difficultés éprouvées par les français ? Mais avons-nous vraiment vécu un tel triomphe ces dernières années? L’État intervient-il si peu dans l’économie française aujourd’hui ? Ce sont ces questions auxquelles cette Note tentera de répondre. En mettant en évidence la place considérable de l’État dans la société française, nous montrerons que nous sommes loin de vivre dans le «capitalisme triomphant». Nous aurons alors prouvé qu’il est impossible de faire son procès en se contentant d’énumérer les tragédies frappant nos concitoyens, puisqu’elles pourraient tout aussi bien être dues au caractère fondamentalement interventionniste de la politique économique.