Le Smic à 1500 euros produit un résultat opposé à la mesure
Article publié par l’Agefi le 21-22-23 juillet 2006..
Arnold Schwarzenegger, gouverneur républicain de la Californie et Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, défendent aujourd’hui la même mesure: augmenter le salaire minimum légal. Le premier a soutenu une loi qui fera passer dans les deux ans à venir le salaire minimum de $6,75 à $7,75 par heure et le second réclame une hausse de 300 euros portant le SMIC à 1500 euros.
Arnold Schwarzenegger, gouverneur républicain de la Californie et Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT ont-ils quelque chose de commun? Et bien oui. Tous deux défendent aujourd’hui la même mesure: augmenter le salaire minimum légal. Le premier a soutenu une loi qui fera passer dans les deux ans à venir le salaire minimum de $6,75 à $7,75 par heure et le second réclame une hausse de 300 euros portant le SMIC à 1500 euros. Aussi bien intentionnées que puissent paraître ces mesures, elles ne sont toutefois pas un moyen efficace d’améliorer le sort des salariés.
La déclaration de la CGT affirme que l’augmentation du SMIC profitera à tout le monde. Cette affirmation n’étant pas étayée par des arguments, il est peut-être prudent de la considérer avec circonspection, d’autant plus que l’analyse économique nous amène à considérer un résultat tout à fait opposé. En réalité, la CGT tout en s’affirmant le défenseur des plus mal lotis, soutient une mesure qui fera particulièrement mal à cette catégorie de la population.
Un entrepreneur n’embauche un salarié qu’à la condition que celui-ci crée davantage de revenu qu’il ne coûte en salaire et autres compensations. Et quand on augmente le salaire minimum artificiellement, comme le veut la CGT, plus d’employés se retrouvent dans le cas où leur productivité sera inférieure à leur rémunération. Les jeunes et les personnes peu formées sont souvent dans ce cas, car ils doivent construire et obtenir les compétences qui augmenteront leur productivité et leur permettront d’obtenir des salaires plus élevés dans le futur. Les expériences professionnelles, même peu rémunérées, permettent d’apprendre le métier, d’augmenter sa productivité et ainsi d’accéder à des rémunérations plus élevées.
En fixant un salaire minimum, les autorités publiques créent du chômage en excluant du marché du travail les personnes dont la productivité est faible. Il s’ensuit qu’elles les empêchent aussi d’accéder à un apprentissage sans lequel ces personnes jeunes ou peu formées n’ont aucune chance de voir leur productivité et rémunération augmenter.
Cette mesure se retourne finalement contre les personnes qu’elle est supposée défendre. Elle les prive du droit de gagner ce que leurs compétences et leur situation leur permettraient d’obtenir en l’absence de minimum légal. Ce que nous propose en fait la CGT, comme elle l’a déjà défendu à maintes occasions, c’est de substituer du chômage à un salaire bas. Cela faisait dire en 1970 à Paul Samuelson, économiste au MIT et prix Nobel : « un jeune noir ne gagne rien au fait qu’un employeur doit le payer $2 par heure si c’est aussi ce qui l’empêche d’obtenir un job ».
Le chômage en France touche près de 10% de la population active et plus encore les jeunes, qu’ils soient formés ou pas. Ce chômage est le résultat de politiques publiques qui, réglementations après réglementations, ont rigidifié la relation employeur employé. Ainsi, seules les personnes les plus productives trouvent encore du travail en France. Les autres sont condamnées à rester au chômage ou à chercher du travail là où ils peuvent encore en trouver, comme en Angleterre et en Irlande.
Si la CGT veut vraiment défendre une mesure efficace et juste, il est urgent de renoncer à l’augmentation du SMIC et ainsi éradiquer le chômage en France. Cette mesure autoriserait la CGT à affirmer que ses intentions sont compatibles avec ses propositions.
Cécile Philippe, Directeur Institut Economique Molinari et Senior fellow au Centre for the New Europe