Taxer Total n’est pas la panacée !
Brève publiée le 10 juin 2008 sur le site du Journal du Dimanche.
À court d’argent, le gouvernement est en quête de tous les moyens financiers qui pourraient lui permettre d’honorer ses engagements. Dernière trouvaille : les bénéfices de Total. Sur un marché où la capacité à investir est essentielle, la ponction gouvernementale est bien malvenue.
À court d’argent, le gouvernement est en quête de tous les moyens financiers qui pourraient lui permettre d’honorer ses engagements.
Dernière trouvaille : les bénéfices de Total. Reçu hier par Christine Lagarde, le PDG du groupe, Christophe de Margerie, a annoncé le versement de 102 millions d’euros cette année pour financer la hausse de la « prime à la cuve de fioul ». Faut-il s’en réjouir ?
Certes, les profits du groupe pétrolier sous l’effet de l’augmentation des prix – 12,2 milliards d’euros en 2007 – peuvent sembler colossaux. Il ne faut cependant pas oublier qu’ils reflètent la bonne santé de l’entreprise et nous montrent que les investissements effectués dans le passé se sont révélés fructueux. Ces investissements permettent d’avoir du pétrole à notre disposition aujourd’hui. Et si nous voulons en avoir demain, il vaudrait mieux que Total soit en mesure d’investir massivement.
Or, le groupe est déjà extrêmement imposé. En 2007, il a payé 13,6 milliards d’euros d’impôts. Une somme supérieure au budget de bien des ministères… et aux profits de l’entreprise elle-même ! La nouvelle « taxe Total » mise en place par le gouvernement est contreproductive. Elle ne peut que réduire la capacité du groupe à investir aujourd’hui pour nous fournir de l’énergie demain
Sur un marché où la capacité à investir est essentielle, la ponction gouvernementale est bien malvenue alors que les profits fournissent au contraire les incitations nécessaires à une augmentation de la production aujourd’hui cruciale.
Guillaume Vuillemey, chercheur, Institut économique Molinari