Ebay vs LVMH : une industrie du luxe sur le dos des Internautes ?
Brève publiée le 8 juillet 2008 sur le site du journal La Provence.
Dans une affaire qui l’opposait à LVMH, leader mondial de l’industrie du luxe, eBay a été condamné lundi 30 juin 2008 par le Tribunal de commerce de Paris à lui payer près de 40 millions d’euros de dommages et intérêts. Le site a été condamné pour avoir permis la vente de produits de marque … originaux !
Dans une affaire qui l’opposait à LVMH, leader mondial de l’industrie du luxe, eBay a été condamné lundi 30 juin 2008 par le Tribunal de commerce de Paris à lui payer près de 40 millions d’euros de dommages et intérêts.
Au-delà des questions de contrefaçons – où selon la loi de 2004 la responsabilité ne devait pas retomber sur les hébergeurs comme eBay (voir notre brève à cet égard) – le site d’enchères en ligne a été condamné pour avoir permis la vente de produits de marque… originaux !
Il s’agit de produits qui seraient commercialisés par l’intermédiaire de réseaux fermés de revendeurs agrées (« distribution sélective ») par LVMH ! Contrefaçons ou pas, paradoxalement eBay serait resté toujours fautif !
Que LVMH choisisse un type spécifique de commercialisation de ses produits, très bien ! Mais on ne voit cependant pas pourquoi eBay devrait en faire les frais. Après tout s’il y a eu des « ventes » de parfums et de produits cosmétiques en dehors de ces réseaux, elles proviennent probablement de revendeurs de LVMH ! En attaquant eBay ce dernier ne cherche-t-il pas à lui refiler les coûts de surveillance et de contrôle de son propre réseau de distribution et de son business model ?
En choisissant un business model, les entreprises tiennent naturellement compte des avantages et des coûts de chaque alternative pour commercialiser leurs produits. Certaines entreprises comme Dell préfèrent ainsi assurer seuls la vente au détail de leurs produits. D’autres comme LVMH utilisent des réseaux fermés de « distribution sélective ». Mais quel que soit le modèle choisi, c’est à l’entreprise de subir les coûts de ses choix.
Et si jamais les coûts du business model de distribution sélective augmentent avec l’arrivée d’Internet, c’est à LVMH de s’adapter ! Il devrait innover pour mieux surveiller ses revendeurs, ou changer de modèle, au lieu de chercher l’appui des pouvoirs publics pour faire payer à sa place eBay et in fine les Internautes que nous sommes !
Valentin Petkantchin, directeur de la recherche, Institut économique Molinari