À chaque problème son « Grenelle » !
Brève publiée le 2 octobre 2008 sur le site du journal La Provence.
Les « Grenelle » ont le vent en poupe. Après le « Grenelle de l’environnement » et le « Grenelle de l’insertion », voici venu le « Grenelle du très haut débit », organisé par Éric Besson, Luc Chatel et Hubert Falco. Qui se souvient de ce que furent réellement les accords de Grenelle, dont toutes ces expressions sont issues ?
Les « Grenelle » ont le vent en poupe. Après le « Grenelle de l’environnement » et le « Grenelle de l’insertion », voici venu le « Grenelle du très haut débit », organisé par Éric Besson, Luc Chatel et Hubert Falco. Il n’y a pas longtemps, Emmanuelle Mignon, conseillère de Nicolas Sarkozy, plaidait pour un « Grenelle de la presse écrite ». Début 2007, Dominique de Villepin, alors premier ministre, souhaitait l’organisation d’un « Grenelle de la formation professionnelle ». D’autres voix demandent également un « Grenelle des banlieues », ou même… un « Grenelle de l’arbitrage sportif » !
Mais qui se souvient de ce que furent réellement les accords de Grenelle, dont toutes ces expressions sont issues ?
Le 27 mai 1968, alors que la France est paralysée par les contestations étudiantes et les grèves des salariés, Georges Pompidou reçoit les principaux responsables syndicaux. Le protocole d’accord qui en ressort contient des mesures spectaculaires : une hausse su SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) de 35 %, une hausse de 10 % des salaires, ou encore une réduction du temps de travail. Mais la base syndicale a rejeté ce protocole et les accords ne furent jamais signés. Certes, ils ont ensuite servi de base pour certaines négociations interprofessionnelles, ayant elles-mêmes apporté leur lot de conséquences négatives sur l’économie. Quarante ans plus tard, même si certains rapports évoquent clairement l’échec du salaire minimum, facteur de chômage, sa remise en cause n’est pas à l’ordre du jour. Quoi qu’il en soit, les accords de Grenelle ne sont en rien un modèle d’accord ou de réforme !
À l’heure actuelle, le mot « Grenelle » est associé à l’idée d’une réforme profonde. Dans les faits, il marque plutôt des interventions étatiques toujours plus poussées. La multiplication des « Grenelle » dans la dialectique politique est symptomatique de ce phénomène : la prise en main par l’État d’un nombre croissant de domaines de l’activité économique. Lorsque l’on se souvient de ce que furent initialement les accords de Grenelle, il n’y a pas à en être particulièrement fier !
Guillaume Vuillemey, chercheur, Institut économique Molinari