Fumer ou vapoter : la révolution de la consommation du tabac et de la nicotine
Note économique
Note économique préparée par Frédéric Sautet, chercheur associé à l’Institut économique Molinari.
Communiqué de presse : Fumer ou vapoter : la révolution de la consommation du tabac et de la nicotine
Longtemps dénigré et accusé de tous les maux, le marché du tabac connaît une renaissance avec des innovations capables de changer les habitudes — et la santé — des consommateurs. Apparue en 2007, la cigarette électronique (ou « e-cig ») fait preuve d’un succès croissant en France et dans le monde. Celle-ci ainsi que d’autres substituts, comme les produits du tabac à chauffer, représentent dorénavant des alternatives crédibles au tabac.
Le tabac est un facteur primordial dans la mort prématurée de 73 000 personnes par an en France. Depuis plusieurs années, les méthodes de sevrage tabagique traditionnelles (ex. : patch) n’arrivent pas à enrailler ce chiffre. Cependant, les ventes de tabac en France diminuent, surtout chez les jeunes. Cette baisse inespérée est en partie imputable à l’e-cig(1). Cette dernière est le résultat des progrès technologiques faits en matière de miniaturisation des batteries(2). Selon la firme Goldman Sachs, c’est l’une des huit technologies perturbatrices de ce siècle(3), et elle est en évolution constante(4).
Le cœur du problème est la lutte contre les effets du tabac. Il est primordial de savoir si l’e-cig doit être considérée comme un produit tombant sous le coup des lois contre le tabagisme. Au final, c’est une question de mode d’absorption de la nicotine. « Faut-il laisser le marché de la nicotine totalement ouvert en considérant qu’elle est un produit utile ou procurant du plaisir à certains? Ou faut-il l’extraire progressivement de notre société? », interroge le rapport Dautzenberg(5). L’e-cig est appelée à jouer un grand rôle dans les réponses à ces questions. Elle est dorénavant plus qu’un phénomène marginal et passager : elle est devenue une pratique courante de dizaines de millions de personnes dans le monde(6).
CIGARETTE ÉLECTRONIQUE ET TABAC CHAUFFÉ : LES NOUVEAUX VENUS
En sus des moyens traditionnels de consommation du tabac (cigarette, cigare et pipe), il existe d’autres produits tabagiques. Le narguilé (pipe à eau), le tabac oral, et le tabac à priser reviennent à la mode mais ils restent à la marge(7). En revanche les moyens de consommation récents sont de plus en plus populaires, surtout en ce qui concerne l’e-cig.
L’e-cig est un dispositif produisant un aérosol (communément appelé « vapeur ») destiné à être inhalé(8). Inventée dans sa version moderne en 2003 par Hon Lik, un pharmacien-ingénieur chinois, elle repose sur une technologie de vaporisation par résistance chauffante. Ce dispositif consiste d’un embout muni d’une batterie et d’un atomiseur qui a pour fonction de chauffer un liquide (« e-liquide ») qui produit un aérosol de fines gouttelettes contenues dans un gaz. L’e-liquide se compose d’un mélange à base de propylène glycol et/ou de glycérine végétale (glycérol). Il contient aussi des arômes, et surtout le cas échéant de la nicotine.
Selon l’enquête ETINCEL-OFDT publiée en février 2014, 18 % des Français déclarent avoir utilisé au moins une fois l’e-cig(9). L’utilisation quotidienne concerne entre 1,1 et 1,9 million de personnes (et ces chiffres sont en augmentation constante) soit près de 3 % de la population. Aux États-Unis, les ventes sont passées de 500 millions de dollars en 2012 à 2 milliards en 2014. Cela reste peu comparé au marché de la cigarette qui pèse plus de 80 milliards de dollars, mais la croissance est forte. Le total des transactions sur le marché mondial est évalué à 3 milliards de dollars en 2013(10).
Même les multinationales du tabac s’y mettent. Elles veulent sans doute éviter le sort de Kodak qui disparut, n’ayant pas pris le tournant du numérique. Plusieurs d’entre elles investissent dans le développement de nouveaux produits ou le rachat de startups(11). L’innovation est forte. En décembre 2014, il est même sorti une e-cig à l’extrait de cannabis sans effet psychotique. Cela montre les capacités perturbatrices de l’e-cig par rapport au marché du tabac.
Les produits du tabac sont aussi en évolution. Les prémices remontent à 1988 lorsque la cigarette Premier produisant peu de fumée est sortie sur le marché. En 1994, il y eut l’Eclipse et à la fin des années 1990, l’Accord. Le Heatbar qui est plus récent utilise un procédé de vaporisation du tabac. Toutes ces tentatives ont échoué à créer un marché(12).
Lancé en 2014 en France par Japan Tobacco International, Ploom permet de chauffer des capsules de tabac sans le brûler, grâce à un système de vaporisation qui repose sur le principe de Nespresso. Comme il n’y a pas de combustion, Ploom est une « cigarette propre » ou « cigarette à risques réduits ». Les médecins sont méfiants car il n’existe pas encore d’étude concluante sur le sujet(13). Cela n’empêche pas les concurrents d’avancer. La nouvelle cigarette sans fumée Iqos de Philip Morris en est un exemple.
LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE : UN MOYEN EFFICACE DE RÉDUIRE LE TABAGISME?
Un tiers des vapoteurs quotidiens sont d’anciens fumeurs et deux tiers sont des fumeurs actuels(14). La question de santé publique est de savoir si l’e-cig peut créer une dépendance chez le non-fumeur et si elle peut maintenir la dépendance chez un fumeur de tabac passé à l’e-cig(15).
Les premières conclusions sont prometteuses même s’il y a des désaccords entre les scientifiques. La nicotine est un produit vénéneux et addictif quel que soit son mode d’administration. Il est fort possible que l’e-cig soit addictive pour les non-fumeurs(16). Cependant l’e-cig semble être un meilleur moyen pour arrêter de fumer que les substituts nicotiniques. De toute évidence « le risque de prise prolongée de nicotine est beaucoup moins grand [avec l’e-cig] que celui de continuer à fumer »(17). L’e-cig apporte de la nicotine sans les produits de la combustion du tabac (les goudrons et le monoxyde de carbone).
Au regard de la pauvreté de résultats des méthodes de sevrage classiques (ex. : patch, gomme, comprimé), une alternative comme l’e-cig est la bienvenue, même si elle n’est pas parfaite. C’est une question d’efficacité relative et non absolue. L’e-cig fonctionne mieux que les méthodes classiques de prise en charge du tabagisme dont les ventes sont en baisse depuis 2010(18). Même les inhalateurs nicotiniques ne donnent pas la même satisfaction que l’e-cig. Il faut 25 min aux premiers pour provoquer un soulagement du manque de nicotine. Ce délai est bien plus court avec l’e-cig qui a également l’avantage d’avoir moins d’effets secondaires que l’inhalateur(19). C’est aussi une question de capacité à reproduire la sensation sur la gorge du vapoteur au moment de l’inhalation(20).
Les articles scientifiques qui montrent un effet significatif de l’e-cig dans le sevrage du tabac sont de plus en plus nombreux. Un article publié dans la revue Addiction sous la direction du Dr Jamie Brown montre que l’e-cig a des effets positifs sur l’arrêt du tabagisme. L’e-cig est 60 % plus efficace dans l’aide au sevrage des fumeurs que la volonté seule ou que les autres méthodes déjà en vente(21). Le résultat de deux études faites par Peter Hajek et son équipe publié en 2014 montre que l’e-cig contenant de la nicotine accroît les chances de sevrage du tabac sur le long terme comparé à l’e-cig sans nicotine(22). Une étude de l’université de KU Leuven, quant à elle, montre que près d’un quart des fumeurs ont baissé leur consommation de cigarettes de moitié après avoir testé l’e-cig pendant huit mois(23).
Dans son enquête de 2014, l’association « Paris sans tabac » trouve une baisse significative du nombre de fumeurs parmi les jeunes. En 2014, ils représentaient 11,2 % des collégiens (contre 20 % en 2011) et 33,5 % des lycéens (contre 42,9 %). Les jeunes se tournent vers l’e-cig : 90 % des jeunes fumeurs l’ont déjà essayée. Bertrand Dautzenberg pense que l’attitude des jeunes envers le tabac est en train de changer ce qui favorise l’e-cig. De plus, il semblerait que celle-ci ne soit pas une passerelle vers la cigarette. Dautzenberg, mais aussi d’autres spécialistes comme Gérard Mathern,(24) affirme que l’e-cig est en train de contribuer au déclin du tabac. Bien que cet engouement pour l’e-cig parmi les jeunes ne soit pas du goût de tout le monde, elle contribuerait à une réduction significative du tabagisme(25).
Les règlementations (y compris les hausses de la fiscalité) contre le tabagisme depuis la loi Evin en 1991 ont eu un impact certain, et particulièrement en ce qui concerne les hommes. Mais l’impact potentiel de l’e-cig semble être bien plus grand. C’est en partie parce que les vapoteurs veulent éviter les éléments cancérogènes de la cigarette. L’enquête ETINCEL-OFDT montre en effet que la motivation première des vapoteurs est le sevrage total. D’ailleurs selon 43 % des Français, l’e-cig serait un moyen de sevrage efficace. Elle semble donc être une porte de sortie du tabagisme plutôt qu’une porte d’entrée(26). Même la ministre de la santé, Marisol Touraine, qui fait une guerre acharnée au tabac, admet que recourir à l’e-cig pour arrêter de fumer est une bonne idée, ce qui ne l’empêche pas néanmoins de vouloir la réglementer(27).
RÉGLEMENTATIONS ET CIGARETTE ÉLECTRONIQUE
Les réglementations de l’usage des produits du tabac reposent sur deux piliers. D’une part l’idée que le tabagisme est mauvais pour la santé du fumeur car la combustion du tabac dégage des cancérogènes de catégorie 1(28). D’autre part l’idée que la fumée est mauvaise pour la santé de ceux qui se trouvent dans l’entourage du fumeur. C’est le tabagisme passif.
A. Le tabagisme passif n’est plus ce qu’il était
Le tabagisme passif existe aussi dans le cas du vapotage (on parlera de « vapotage passif ») ainsi que dans le cas du tabac chauffé. Les études qui se sont penchées sur ce phénomène sont rares. Outre qu’elle est plutôt plaisante à respirer, il semblerait que l’e-cig ait peu d’effets sur l’entourage. La question est de savoir si l’aérosol dégagé par l’e-cig contient des éléments dangereux.
Avec la fumée de tabac, la pollution est majoritairement particulaire. Avec l’e-cig, elle est principalement gazeuse. Selon le rapport Dautzenberg, les risques liés aux gouttelettes contenues dans l’aérosol de l’e-cig sont théoriquement plus de cent fois moins élevés que ceux de l’exposition à la fumée de tabac(29). Mais le vapotage passif n’est pas entièrement sans danger. Après une exposition à l’e-cig, on relève des taux de cotinine (un métabolite de la nicotine) sérique quasiment identique à la cigarette(30). Cependant, l’exposition passive à l’aérosol de l’e-cig n’expose ni au monoxyde de carbone ni aux particules solides que l’on trouve dans la fumée de cigarette. Selon le Rapport Dautzenberg, la quantité de cancérogènes connus dans l’aérosol de l’e-cig est bien moins grande que dans la fumée de cigarette(31). Néanmoins un rapport de l’Institut national japonais de la santé publique publié en novembre 2014 stipule que l’aérosol contient du formaldéhyde, mais aussi de l’acroléine, du glyoxal, ou encore du méthylglyoxal(32). Le niveau de formaldéhyde, un cancérogène connu, pourrait atteindre jusqu’à dix fois celui contenu dans la fumée de cigarette(33). Toutefois, ce taux n’est pas constant et varie en fonction de beaucoup de facteurs.
Ce sont surtout les effets de la nicotine et de ses dérivés qui sont présents dans l’aérosol qui peuvent poser problème. Priscilla Callahan-Lyon pense que l’exposition aux aérosols pourrait mener à des problèmes respiratoires, mais cela reste à vérifier(34). Il semblerait malgré tout que l’e-cig réduit en grande partie, mais pas complètement, les problèmes liés au tabagisme passif. Ainsi, il n’est pas certain que l’interdiction de vapoter dans les lieux publics soit nécessaire si les effets sur autrui sont faibles(35). Certains disent que cette interdiction réduirait l’attractivité de l’e-cig pour les fumeurs. Malgré cela le rapport Dautzenberg recommande l’interdiction pour l’exemplarité, ce qui est une forme de paternalisme(36).
B. La cigarette électronique, un produit à part?
En France, l’e-cig est considérée comme un produit de consommation courante. Elle n’est ni un produit du tabac, ni un médicament sauf si elle revendique un effet bénéfique pour la santé et si elle contient plus de 10 mg de nicotine avec une concentration supérieure à 20mg/ml(37). Mais selon le rapport Dautzenberg, l’e-cig n’est pas un produit de consommation courante. Le rapport demande l’établissement d’une nouvelle catégorie de produits sans tabac contenant de la nicotine qui permettrait d’établir une règlementation adaptée(38). La question est de savoir de quelle réglementation spécifique a-t-on besoin?
L’e-cig est interdite dans plusieurs pays à travers le monde. D’autres pays la considèrent comme un médicament ce qui nécessite une autorisation spéciale de mise sur le marché et restreint sa vente aux pharmacies (voir Tableau). L’interdiction totale semble maintenant impossible en France tant le marché s’est développé depuis 2010(39). L’Union européenne (UE) a décidé le 8 octobre 2013 de ne pas classer l’e-cig comme médicament(40). Une nouvelle législation adoptée par l’UE le 12 février 2014 n’interdit pas l’e-cig, mais la plupart des mesures aboutissent à restreindre plutôt qu’à encourager son usage. Cette législation autorise un taux de nicotine de 20 mg/ml dans des atomiseurs de 2 ml(41). Les spécialistes français ont généralement accueilli cette décision favorablement. Classer l’e-cig comme médicament aurait eu un effet négatif sur le développement du marché.
Les pays où l’e-cig est interdite font face à une importation illégale croissante(42). Il reste à voir si les cas d’interdiction totale pourront être maintenus dans l’avenir. Plusieurs juridictions ont choisi de réglementer plutôt que de totalement interdire. La ville de New York a prohibé le vapotage dans les lieux publics(43). L’e-cig est aussi interdite dans les restaurants à Chicago(44). Trois États américains ont interdit le vapotage là où la cigarette traditionnelle l’est aussi. Dix-huit autres États ont imposé des réglementations plus ou moins importantes sur l’usage de l’e-cig. Enfin, 274 villes ou comtés possèdent des lois restreignant le vapotage(45). La Food and Drug Administration (FDA) a annoncé en 2014 son intention d’étendre ses pouvoirs pour réglementer l’e-cig.
Les arguments les plus sérieux en faveur de la réglementation de l’e-cig reposent sur la dangerosité de l’e-liquide. Le propylène glycol (qui permet d’obtenir un bon rendu des arômes) est généralement considéré sans danger. Cependant, c’est un excipient qui n’est pas complètement neutre. Il peut provoquer des irritations, des réactions allergiques mais aussi, très rarement, un état proche de l’ébriété(46). On a peu d’information en ce qui concerne sa toxicité lorsqu’il est inhalé de façon répétée sous forme d’aérosol chaud. De même pour le glycérol qui permet d’obtenir un aérosol plus abondant. Ce produit présente un risque théorique de formation d’acroléine lorsque la température monte et que la molécule se déshydrate(47). Les e-liquides contiennent aussi des impuretés telles que l’anatabine, la norcotinine, et l’anabasine(48). Ce sont des substances proches de la nicotine qui s’y trouvent par le fait que la nicotine n’est jamais pure à 100 %. En revanche, l’e-cig est quasiment dépourvue de nitrosamines qui sont des cancérogènes naturellement présents dans le tabac(49). On y trouve aussi de l’acétone, l’acide acétique, des solvants chlorés, et du formaldéhyde (qui résulterait de l’échauffement du propylène glycol). Il semblerait que ce soit les arômes chauffés qui posent le plus de questions. Au contact de la résistance chaude, les arômes sont susceptibles d’être modifiés(50). Ces arômes contiennent souvent de l’acétine, de la diacétine, de l’ambrox, et du parabène(51).
À l’exception de l’étude japonaise, les recherches ne montrent pas pour l’instant de potentiel cancérogène important dans l’aérosol de l’e-cig car les concentrations sont faibles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande cependant de ne pas vapoter tant que l’innocuité n’a pas été prouvée scientifiquement. L’OMS vise aussi les arômes utilisés dans l’e-liquide qui permettraient d’attirer les jeunes à l’e-cig et d’en faire des consommateurs réguliers, ce qui reste à prouver(52).
CONCLUSION : L’INNOVATION AU SERVICE DE LA SANTÉ PUBLIQUE
L’e-cig est un exemple de produit qui se développe sans grandes contraintes réglementaires à ce stade. Et ce marché fonctionne bien. L’offre répond à la demande, c’est-à-dire aux désirs des consommateurs(53). L’e-cig ainsi que les produits du tabac chauffé sont des innovations qui bouleversent la consommation de dizaines de millions d’utilisateurs. En 2014, on comptait plus de 460 marques d’e-cig dans le monde(54). Le marché est encore jeune.
Une façon de gérer les problèmes d’un marché en développement est de laisser celui-ci sélectionner les meilleurs fabricants tout en imposant des normes élémentaires sur les contenus des e-liquides(55). Déjà certains fabricants n’utilisent plus d’ambrox, de diacétine et de parabène(56). Des marques avec leurs réputations sont en train d’être bâties, ce qui va continuer de faire favorablement évoluer la qualité des produits. On a d’ailleurs pu observer une évolution positive de la qualité des e-liquides depuis 2009, notamment avec de plus en plus de fabricants utilisant des composants de qualité pharmaceutique(57). Aux États-Unis, l’« American E-Liquid Manufacturing Standards Association » a été créée en 2012. C’est une réponse du marché pour établir des normes de fabrication. Ce genre d’association peut avoir un rôle bénéfique à jouer même si elle peut aussi devenir un instrument de lobbying. Si les fabricants et les distributeurs n’obtiennent pas la protection de la réglementation, le marché continuera à produire une plus grande qualité.
Il est encore tôt pour juger des effets complets de l’e-cig. Pour cela, il faudrait avoir une ou deux décennies d’usage par des centaines de milliers d’utilisateurs. Cependant même si les nouvelles technologies posent souvent des questions, ce n’est pas une raison pour les interdire. À la fin des années 1990, la question était de savoir si le téléphone cellulaire posait un risque grave pour la santé. Le risque était présent, mais le bénéfice de l’utilisation était aussi très grand. Aujourd’hui, on sait que le risque de l’e-cig n’est pas nul, mais il est potentiellement faible relativement à la cigarette traditionnelle.
À propos de l’auteur
Frédéric Sautet est docteur en Science Économique de l’Université de Paris Dauphine et détient un post-doc de la New York University. Il a été conseillé économique aux affaires fiscales au Trésor de Nouvelle-Zélande, ainsi que Senior Economist à l’Autorité de la concurrence néo-zélandaise (Commerce Commission). Il a enseigné à l’Université de Paris Dauphine, à la New York University, la George Mason University et à la Catholic University of America. Il s’est joint à l’IEM en 2014.
Références
1. Mais aussi à la hausse des transactions illégales qui représentent près de 25 % du marché. Voir « Tabac : un quart des cigarettes fumées en France en 2013 issues de la contrebande », BFMTV, 25 juin 2014. Les ventes de cigarette ont baissé de 3,4 % en volume en 2012, de 7,6 % en 2013, et de 5,3 % en 2014 — une baisse cumulée de plus de 17 % en trois ans.
2. « E-cigarette patent wars : A case of the vapers », The Economist, 17 mars 2014.
3. « E-cigarettes : the Kodak moment », The Economist, 28 septembre 2013.
4. Voir « Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette », Office français de prévention du tabagisme, Paris, 2013, sous la direction de Bertrand Dautzenberg. (Sera référencé ci-dessous comme le « Rapport Dautzenberg ».) Depuis 2009 l’e-cig a tellement évolué que les premières études ne sont généralement plus valables aujourd’hui. Le rapport note : « Ainsi les cigarettes électroniques modernes sont capables de délivrer en moins de 5 minutes des quantités de nicotine du même ordre de grandeur que les cigarettes, ce que ne faisaient pas les cigarettes électroniques disponibles en 2010. » p. 76. Voir aussi K. E. Farsalinos, et R. Polosa, « Safety evaluation and risk assessment of electronic cigarettes as tobacco cigarette substitutes : a systematic review », Therapeutic Advances in Drug Safety, vol. 5(2), 2014.
5. Rapport Dautzenberg, p. 26.
6. Elle a même son salon international à Paris, Vapexpo. Bonnie Herzog de Wells Fargo pense même que les ventes d’e-cig pourraient dépasser celles des cigarettes d’ici dix ans. Voir « E-cigarettes : the Kodak moment ».
7. Le « snus » (tabac oral moulu et humidifié) est fréquemment consommé en Suède. Il est interdit dans les autres pays de l’Union européenne. La Suède est unique dans l’OCDE pour avoir réussi (grâce en grande partie au snus) à atteindre les objectifs de l’OMS en termes de régression du cancer du poumon. Voir le rapport Dautzenberg, p. 88.
8. Rapport Dautzenberg, p. 29.
9. Voir A. Lermenier et C. Palle « Résultats de l’enquête ETINCEL-OFDT sur la cigarette électronique : prévalence, comportements d’achat et d’usage, motivations des utilisateurs de la cigarette électronique », Observatoire français des drogues et des toxicomanies, Note no. 2014-01, 12 février 2014.
10. En 2017, il pourrait s’élever à plus de 10 milliards. Voir « Consolidation en vue chez les géants du tabac », Les Échos, 23 mai 2014.
11. En 2012 l’Américain Lorillard a racheté Blue eCigs. R. J. Reynolds Tobacco Company, qui produit la marque de cigarettes Camel, a racheté la marque d’e-cig Niconovum. Voir Rapport Dautzenberg p. 172 et « Consolidation en vue chez les géants du tabac ». Certains commentateurs prévoient un resserrement du marché avec les trois quart des compagnies de e-cig acquises par des multinationales du tabac d’ici 2017. Voir « E-cigarette : l’industrie du tabac contre-attaque », Le Monde, 15 avril 2014.
12. Rapport Dautzenberg, p. 104. Voir aussi « L’e-cigarette provoque des débats autour de sa réglementation », Le Temps, 22 septembre 2013.
13. Mais l’activiste anti-tabac genevois Jean-François Etner demande à voir car il est possible que ces nouveaux produits réduisent la toxicité du tabac. Voir « La piste d’une cigarette propre », Le Temps, 14 février 2014.
14. Voir « Synthèse thématique : tabac et cigarette électronique », Observatoire français des drogues et des toxicomanies, novembre 2014.
15. Rapport Dautzenberg, p. 85.
16. Rapport Dautzenberg, p. 88.
17. Rapport Dautzenberg, p. 90.
18. Voir « Synthèse thématique : tabac et cigarette électronique ».
19. Rapport Dautzenberg, pp. 50-1.
20. Voir « L’e-cigarette provoque des débats autour de sa réglementation ».
21. J. Brown, E. Beard, D. Kotz, S. Michie, R. West, « Real-world effectiveness of e-cigarettes when used to aid smoking cessation: a cross-sectional population study », Addiction, 109, 2014, pp. 1531-1540.
22. H. McRobbie, C. Bullen, J. Hartmann-Boyce, P. Hajek, « Electronic cigarettes for smoking cessation and reduction (Review) », The Cochrane Library, issue 12, 2014. Une autre étude néo-zélandaise de 2013 montre que les taux d’arrêt sont plus élevés avec l’e-cig qu’avec les aides au sevrage traditionnelles. C. Bullen, C. Howe, M. Laugesen, H. McRobbie, V. Parag, J. Williman, N. Walker « Electronic cigarette for smoking cessation : a randomised controlled trial », The Lancet, septembre 2013.
23. « La cigarette électronique calmerait l’envie de fumer », Sciences et Avenir, 21 novembre 2014. Le Dr Jean-Paul Humair, directeur du Centre d’information et de prévention du tabagisme à Genève, propose le vapotage pour réduire l’usage du tabac car il pense que les preuves d’efficacité de l’e-cig sont suffisantes. L’e-cig a des effets positifs de réduction des symptômes dus au tabac comme la toux, les crachats, etc. Voir « Nous avons commencé à proposer de vapoter pour réduire l’usage du tabac », Le Temps, 22 novembre 2013.
24. Secrétaire général de la Société française de tabacologie.
25. Voir « The Wisdom of Children », vaping.com, 25 juin 2014. Pour une étude qui tend à montrer que l’e-cig encourage l’usage des cigarettes chez les adolescents, voir L. M. Dutra et S. A. Glantz « E-cigarettes and conventional cigarette use among US adolescents : A cross-sectional study », JAMA Pediatr, National Institute of Health, 168(7), 610-7, 2014.
26. « Résultats de l’enquete ETINCEL-OFDT sur la cigarette électronique », p. 8. Voir aussi le Rapport Dautzenberg, p. 123.
27. « Mieux vaut vapoter que fumer » a-t-elle dit. Voir « Paquets neutres, vapotage : Marisol Touraine dévoile un plan anti-tabac ambitieux », Les Échos, 25 septembre 2014.
28. Rapport Dautzenberg, p. 62.
29. Rapport Dautzenberg, p. 95. « Même dans les conditions les plus extrêmes, on ne peut atteindre des niveaux réputés toxiques dans une pièce où est utilisée l’e-cig. » Rapport Dautzenberg, p. 96.
30. Rapport Dautzenberg, p. 98.
31. Rapport Dautzenberg, p. 78.
32. « La cigarette électronique est, elle aussi, cancérigène », Les Échos, 27 novembre 2014.
33. À noter que selon le rapport Dautzenberg, p. 97, les taux de concentrations de formaldéhyde sont 5 à 10 fois plus élevés dans la fumée du tabac que dans l’aérosol de l’e-cig.
34. P. Callahan-Lyon « Electronic cigarettes : human health effects », Tob Control, 23, ii36-ii40, 2014. Voir aussi R. Grana, N. Benowitz et S. A. Glantz « E-Cigarettes : a scientific review », Circulation, 129, 1972-86, 2014. Les auteurs doutent aussi de l’innocuité de l’aérosol.
35. Sauf pour les lieux publics confinés comme les avions. Mais cette décision pourrait être laissée aux règlements intérieurs des compagnies aériennes. Sur ce point, lire l’entretien entre Bertrand Dautzenberg et Brice Lepoutre, « Faut-il craindre l’e-cigarette? », Le Figaro Magazine, 14 juin 2013.
36. Rapport Dautzenberg, p. 101 et p. 177. Plutôt que le principe de précaution, le rapport propose le principe d’exemplarité. Voir aussi « Faut-il craindre l’e-cigarette? ». À cet effet, le plan anti-tabac de Marisol Touraine a pour but d’interdire le vapotage sur le lieu de travail, dans les transports en commun, et dans les lieux publics. L’interdiction pourrait s’étendre aux restaurants. La publicité sera d’abord encadrée et ensuite interdite en mai 2016 conformément à la directive européenne sur le tabac. Voir « Marisol Touraine présente le Programme national de réduction du tabagisme », Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits de la femme, 25 septembre 2014.
37. Rapport Dautzenberg, p. 155.
38. Rapport Dautzenberg, p. 193.
39. À noter que la Suisse avait dans un premier temps interdit l’e-cig avec nicotine, mais le Conseil fédéral s’est ensuite rétracté. Voir « Les e-cigarettes avec nicotine seront tolérées, mais pas encouragées », Le Temps, 22 mai 2014. Les vapoteurs suisses traversaient fréquemment la frontière pour aller acheter du e-liquide contenant de la nicotine. Voir « L’irruption de l’e-cigarette bouleverse la consommation de nicotine », Le Temps, 14 février 2014.
40. Voir Texte P7_TA(2013)0398 et Amendement 165, Proposition de directive, Considérant 33, qui stipule que « Compte tenu de la contribution potentielle des produits contenant de la nicotine au sevrage tabagique, les États membres devraient veiller à ce qu’ils puissent être aussi largement disponibles que les produits du tabac. » Voir aussi la directive 2014/40/UE du Parlement européen du 3 avril 2014 ; et « La directive sur le tabac restreint l’e-cigarette », Le Temps, 14 février 2014.
41. Il faut savoir que même avec une concentration de 18 à 20 mg/ml, le vapoteur ressent le « hit » sur la gorge qui ressemble à l’effet de la cigarette traditionnelle.
42. « E-cigarettes sales will suffer if regulated like tobacco says analyst », CTV Kitchener News, 30 août 2014.
43. En vigueur depuis le 18 décembre 2013. Le vote a intégré l’e-cig dans le « Smoke-Free Air Act ». Il faut aussi avoir 21 ans pour acheter des e-cig. Voir « New York interdit le vapotage dans les lieux publics », Le Temps, 20 décembre 2013. Selon Christine Quinn, la présidente du conseil municipal de la ville, l’e-cig pourrait « rendre à nouveau normal le fait de fumer dans les lieux publics ». Une crainte partagée par Marisol Touraine, le ministre de la Santé français.
44. « E-cigarettes : where there is smoke », The Economist, 3 mars 2014.
45. Voir « U.S. states and local laws regulating use of electronic cigarettes », American Nonsmokers’ Rights Foundation, 1er janvier 2015.
46. Mais celui-ci n’a été démontré que de façon expérimentale et à de fortes doses. Voir Rapport Dautzenberg, p. 40 et 82.
47. Rapport Dautzenberg, p. 42 et 62.
48. Rapport Dautzenberg, p. 51.
49. Rapport Dautzenberg, p. 52.
50. Rapport Dautzenberg, p. 37.
51. Les contenants peuvent aussi être à l’origine de la présence de métaux et d’autres particules dans l’aérosol. Mais cela pourrait trouver solution relativement facilement en améliorant les méthodes de fabrication. Voir « E-cigarette : moins nocive pour l’entourage mais… », Sciences et Avenir, 29 septembre 2014.
52. Plusieurs spécialistes comme Ann McNeill ont été surpris par les conclusions de l’OMS qui semblent trop draconiennes. Jacques Le Houezec se joint à ce chœur de critiques contre l’OMS car il pense que l’e-cig peut avoir un impact positif sur la santé publique. Voir « E-cigarette : des experts dénoncent le rapport trompeur de l’OMS », Sciences et Avenir, 8 septembre 2014. L’e-cig est interdite aux mineurs en France depuis le 17 mars 2014. Pour une mise en garde contre le risque d’entrée en addiction nicotinique, voir « L’avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique étendus en population générale », Haut conseil de la santé publique, 23 avril 2014.
53. On comptait une boutique spécialisée à Caen en janvier 2010. Courant 2014, il y en aurait plus de 300 et 2500 points de vente. Les statistiques disponibles ne sont pas entièrement claires. Sources : Xerfi et JDN.
54. S-H. Zhu, J. Y. Sun, E. Bonnevie, S. E. Cummins, A. Gamst, L. Yin, M. Lee, « Four hundred and sixty brands of e-cigarettes and counting: implications for product regulation », Tob Control, 23, iii3-iii9, 2014.
55. L’article 20 de la directive européenne 2014/40/UE établit des exigences de sécurité et de qualité pour l’e-cig. Cette directive s’appliquera en droit national à partir de mai 2016. Voir aussi le rapport Dautzenberg, p. 66.
56. Rapport Dautzenberg, p. 38.
57. Rapport Dautzenberg, p. 45-6.