80 millions de taxes sur les touristes à Paris
Texte d’opinion publié en exclusivité sur le site de l’Institut économique Molinari.
La taxe de séjour peut être perçue, en France, par les communes touristiques, les stations classées, les communes de montagne ou de bord de mer. Son montant est fixé par la commune, dans des limites comprises entre 0,2 € et 4 €. À ce montant peut venir s’ajouter (le plus souvent) une taxe additionnelle départementale équivalente à 10 % de la taxe communale.
Les personnes logeant à l’hôtel, en résidence de tourisme, en chambre d’hôtes, en village de vacances, au camping, ou encore en auberge de jeunesse y sont assujetties.
Jusqu’à présent, les voyageurs qui utilisaient les plateformes de mise en relation avec des hébergeurs, comme Airbnb, échappaient à cette taxe ; les particuliers louant leur appartement « oubliant » de la régler. La Ville de Paris s’en est émue, appuyée notamment par les hôteliers inquiets du développement spectaculaire de ce mode d’hébergement. Le gouvernement a alors décidé de permettre aux plateformes internet de collecter la taxe de séjour.
C’est ainsi qu’Airbnb collecte la taxe de séjour à Paris depuis le 1er octobre 2015, d’un montant de 83 centimes d’euros par nuit et par personne. Le Conseil de Paris en a profité pour relever le montant de la taxe pour toutes les catégories d’hébergements. Elle passe ainsi de 1,50 € à 3,30 € pour les hôtels 5 étoiles (soit 120 % d’augmentation), ou de 0,78 € à 0,99 € pour les 2 étoiles (+ 27 %).
Avec ces augmentations, la Ville de Paris espérait collecter 80 millions d’euros en 2015 (les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles), contre 40 millions en 2014.
À quoi va servir cet argent ? L’article L.2333-27 du Code général des collectivités territoriales indique que « le produit de la taxe de séjour est affecté aux dépenses destinées à favoriser la fréquentation touristique de la commune ». La taxe va donc payer des opérations de promotion (voyages de presse à l’autre bout du monde, participation des élus et des fonctionnaires chargés du tourisme à salons à l’étranger, etc.).
Mais la meilleure opération de promotion pour Paris ne consisterait-elle pas à supprimer cette taxe de séjour ?
Patrick Coquart est chercheur associé à l’Institut économique Molinari.