Le dimanche, un jour comme les autres dès 2016?
Texte d’opinion publié le 20 mars 2016 dans Les Échos.
Les Galeries Lafayette tiendront ce mardi leur quatrième réunion avec les partenaires sociaux afin d’arriver à un accord permettant d’ouvrir le magasin Haussmann 52 dimanches par an. Nicolas Houzé, directeur général, se veut optimiste. Selon lui, « en 2016, on devrait avoir avancé sur le sujet ».
Pour les Galeries, l’équation économique est évidente. L’ouverture générerait 7 % à 10 % de chiffre d’affaires supplémentaire par an et 1 000 créations d’emplois. Le travail le dimanche est en réalité une demande des entreprises à laquelle la loi Macron n’apporte qu’une réponse partielle. Elles veulent éviter l’aberration économique que représente une surface de vente inutilisée un jour par semaine dans une zone très fréquentée comme le Paris touristique, alors que de plus en plus d’achats se font en ligne, sept jours sur sept.
L’ouverture du dimanche est avant tout un souhait de nombre de consommateurs. Ce jour-là, dans les grandes villes, ils ont plus de temps pour faire leurs courses, la circulation est moins dense et les files d’attente plus courtes. Ensuite, la clientèle étrangère veut pouvoir trouver chez nous ce qu’elle trouve ailleurs en Europe, à savoir des boutiques ouvertes toute la semaine. Dans un pays phare du tourisme, la question est d’importance. A l’heure où toutes les capitales dans le monde, New York bien sûr, cette métropole d’énergie, Londres et même Rome, offrent aux touristes qui s’y pressent cette ouverture le dimanche, Paris reste malheureusement frileux.
Pas d’opposition de principe
Or, contrairement à ce qu’on pense, il n’y a pas d’opposition de principe de l’ensemble des salariés à l’ouverture dominicale. Ces derniers y voient souvent une occasion d’arrondir leurs fins de mois. Aux Galeries Lafayette, Nicolas Houzé a même prévu des règles pour faire profiter tous ses salariés de cette opportunité.
Reste que depuis vingt ans, aucune loi et aucun ministre n’a pu surmonter le blocage de certains salariés et syndicats pour répondre aux attentes liées à l’évolution spontanée de la société. Quels autres arguments faudrait-il pour convaincre les récalcitrants ? Le libre choix des salariés, la liberté de consommer, l’attractivité des villes : tout cela ne suffit apparemment pas…
Peut-être faut-il mieux expliquer que l’ouverture dominicale est un gisement d’emplois. Un gisement qui va bien au-delà des seules enseignes de distribution. Il s’agit d’une opportunité pour tous les fournisseurs et services qui gravitent autour de cette activité, du transport à la restauration, en passant par l’hôtellerie. On le voit bien,notre pays en crise ne devrait pas ignorer ces arguments.
Cécile Philippe est fondatrice de l’Institut Molinari, Véronique Morali, présidente du directoire de Webedia.