Biden et l’erreur de Roosevelt
Des investissements massifs sont prévus dans les infrastructures et la tentation est grande de faire le parallèle avec le New deal de Roosevelt entre 1933 et 1939. Dans les faits, la réalité est bien plus complexe soulignent deux chercheurs de l’institut Molinari. Chronique par Nikolai G. Wenzel, chercheur associé à l’Institut économique Molinari, et Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, publiée dans L’express.
Le 31 mars, l’administration Biden a présenté les grandes lignes de l’American Jobs Plan, vaste plan de 2000 milliards de dollars destiné à moderniser les Etats-Unis. Le chéquier est sorti. Il s’agit d’investir massivement dans les transports (621 milliards de dollars pour l’électrique et les infrastructures), les logements, les écoles et la modernisation des réseaux d’électricité et d’eau (561 milliards), les subventions à la fabrication et à la recherche et développement (480 milliards), les soins aux personnes âgées et aux handicapés (400 milliards) et le haut débit et formation professionnelle (200 milliards).
Vus d’Europe, les montants peuvent paraître démesurés. Mais cette démarche, courante aux Etats-Unis, ne constitue pas une révolution avec la précédente mandature. En mars 2020, le CARES Act conçu par Donald Trump pour lutter contre la pandémie représentait déjà 2 000 milliards de dollars de dépenses. En décembre 2020, le congrès américain votait un supplément, le Coronavirus Response and Relief Supplemental Appropriations Act qui ajoutait 833 millions de dollars pour lutter contre COVID-19 et ses effets sur la société et l’économie. Il y a quelques jours, début mars, le président Biden signait un autre plan massif, l’American Rescue Plan Act, avec 1 900 milliards de dollars de dépenses de soutien aux ménages, aux services publics et à la santé.
Au total, de mars 2020 à mars 2021, l’Etat fédéral américain a annoncé 6 700 milliards de dollars de dépenses. Si Biden s’annonce plus dépensier, avec 3 900 milliards de dollars, Trump n’était pas en reste avec 2 800 milliards. Et lorsqu’on intègre les effets calendaires, les investissements annoncés par Biden s’étalant sur 8 années, soit sur deux mandats, la balance est encore plus équilibrée entre l’ancien et le nouvel occupant du bureau ovale.