Vaccins, le choix passe par l’argent ou le temps
Pour l’Institut économique Molinari, la France doit opter pour une stratégie zéro covid, faute d’avoir investi massivement dans la recherche pour avoir des vaccins. Texte d’opinion par Cécile Philippe publié dans Marianne.
Un des avantages des stratégies cohérentes de lutte contre l’épidémie de la Covid-19 est de se donner les moyens ou le temps de procéder à des campagnes de vaccination qui laissent un maximum de choix aux individus.
Le pays qui est en mesure d’offrir le plus grand choix en termes de vaccins, ce sont les États-Unis. Dès le début de la pandémie, l’Amérique a investi massivement dans la recherche, pour s’offrir le maximum de chance d’avoir plusieurs vaccins efficaces. Cette stratégie a porté ses fruits puisque les entreprises américaines Moderna, Pfizer, Johnson & Johnson ont réussi en un temps record à trouver des solutions probantes. Les autorités de santé, comme les consommateurs, bénéficient d’un réel choix. Avec des sources d’approvisionnement significatives et diversifiées, les États-Unis peuvent accueillir plus sereinement les inévitables questionnements concernant les effets indésirables ou l’efficacité de certains vaccins.
Tel n’est pas malheureusement la situation de la France qui ne dispose à ce jour d’aucun vaccin national. C’est à la fois la marque d’une incapacité à gérer la pandémie et d’un long déclassement structurel. La semaine dernière, le BCG a publié un classement des 50 entreprises les plus innovantes dans lequel l’Hexagone brille par son absence. On y trouve 27 sociétés américaines, 12 asiatiques, 11 européennes mais aucune entreprise française.
En France, les vaccins sont perçus comme la planche de salut par une partie de l’opinion publique, mais ils arrivent trop lentement.
La stratégie logique quand on dispose de moyens techniques limités, c’est la résilience, à l’image de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande. Ces pays n’ont pas de leader de l’innovation technologique. Ils ont surmonté ce handicap en déployant une stratégie Zéro Covid, franc succès sur les plans sanitaires et économiques. Ils ont 42 fois moins de décès et un recul du PIB 5 fois moindre par rapport à la France. Ces pays Zéro Covid ont préservé la liberté de choix des individus. Ils offrent à leur population ce qu’il y a de mieux en matière de vaccin, sans céder à la précipitation au risque de gâcher l’efficacité des campagnes vaccinales.
La France ne s’inscrit dans aucune de ces stratégies où on y attend désespérément qu’une portion significative de la population soit vaccinée pour recouvrer nos libertés. Elle ne brille ni dans la fabrication ou l’acceptation des vaccins, ni dans l’endiguement de la pandémie. Elle s’est mise dans une impasse stratégique, dos au mur. Les vaccins sont perçus comme la planche de salut par une partie de l’opinion publique, mais ils arrivent trop lentement. D’autres les craignent, par principe, ou en raison du manque de choix.
La technologie, élément clé
Ajoutons que si l’on se réjouit de l’existence de vaccins, le risque existe que des variants échappent à l’immunité naturelle ou créée par les vaccins. L’apparition en Inde d’un nouveau variant comprenant 2 mutations qui jusque-là n’avaient jamais été trouvées ensemble, renouvelle les inquiétudes sur l’immunité que peuvent offrir les vaccins actuels face à une dynamique ultrarapide.
La pandémie pose clairement la question de la place que l’on donne à la technologie comme réponse au virus. Si les technologies sont des éléments clés, qu’il s’agisse des tests, du traçage, du séquençage, des vaccins ou des soins médicaux, elles ne sont pas à elles seules susceptibles de nous sortir d’affaire. Le cœur de la solution réside dans l’utilisation des moyens au sein de stratégies robustes et donc durables. Au terme de 12 mois de lutte, il est clair que la stratégie Zéro Covid est la seule qui réponde au cahier des charges.