Combattre l’incertitude économique et sanitaire
Les pays qui s’en sortent le mieux, comme la Corée du Sud, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, sont ceux qui ont d’emblée décidé d’éliminer l’incertitude créée par le virus. Ils connaissent un déclin économique 5 fois moins important que celui de la France et ont 42 fois moins de morts. Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.
Depuis douze mois, nous vivons dans une incertitude radicale qui semble impossible à confiner. Entre l’arrivée de nouveaux variants, les difficultés et les questionnements entourant les vaccins, le bout du tunnel est difficile à discerner. Cette incertitude est délétère pour l’activité économique. Celle-ci a besoin de visibilité pour se développer à plein.
Il est clair, eu égard aux données aujourd’hui disponibles, que les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont d’emblée décidé d’éliminer l’incertitude créée par le virus, en l’éliminant lui-même. L’Australie, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande ont fait le calcul gagnant. S’il n’était pas évident, il y a douze mois, que leur stratégie était la meilleure, les faits leur donnent raison sur tous les plans. Ces pays connaissent un déclin économique 5 fois moins important que celui de la France et ont 42 fois moins de morts.
Partout, l’incertitude
Chez nous, l’incertitude est partout. L’épargne supplémentaire liée à la pandémie atteint, selon la Banque de France, 165 milliards sur 2020-2021. De nouveaux variants aux caractéristiques préoccupantes se propagent, rendant insuffisantes les mesures de freinage qui permettaient initialement de faire face. Les vaccins supposés apporter une réponse finale à la pandémie sont entourés d’inconnues. Leur acceptabilité par la population française reste un problème majeur, tandis que leur déploiement rapide s’avère un défi logistique durable. Surtout, la question de l’immunité qu’ils procurent face aux variants n’a pas de réponse unanime et rassurante à ce stade.
Cette incertitude est coûteuse. La participation à la vie économique et sociale est fonction de la confiance que les individus ont de pouvoir les mener sans courir le risque de tomber malade, de contaminer les autres et de voir les services de santé débordés. Ce ne sont pas seulement les mesures de restrictions décidées par les pouvoirs publics qui réduisent la mobilité. Les décisions volontaires des individus jouent un rôle clé. Même en l’absence de confinement, le recul de la mobilité a été significatif en Suède, ce qui explique pourquoi la contraction économique a été proche de celles constatées dans des pays scandinaves ayant confiné.
Refaire nos calculs
Gérer l’incertitude est clé dans cette crise sanitaire. Force est de constater que nous sommes dans le brouillard, en dépit des efforts importants déployés par les Français. La bonne nouvelle, c’est que certains pays qui partagent nos valeurs maîtrisent l’incertitude avec au final des efforts moindres. Les pays qui ont fait le choix d’éliminer le virus ont un recul du PIB au quatrième trimestre 2020 de -1,2 % contre -3,3 % dans les pays du G10 qui ont laissé la circulation virale repartir.
Les mobilités, telles que mesurées par Google, ont aussi particulièrement bien résisté sur les plans professionnels ou les loisirs dans ces pays. Après un investissement initial proche du nôtre, ils ont capitalisé sur leur effort initial et continuent d’en tirer les bénéfices. Leurs économies fonctionnent, y compris dans les secteurs de la restauration, des loisirs et de la culture.
Nos contre-performances ne sont pas à la hauteur des efforts déployés par les Français. Il est donc crucial de refaire nos calculs économiques face à la pandémie et d’engager un dialogue constructif avec les pays qui ont réussi à éliminer l’incertitude sanitaire et bénéficient, de ce fait, d’une vie économique et sociale robuste.