La stratégie Zéro Covid protège mieux populations, économies et libertés
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La stratégie Zéro Covid préserve mieux la santé, mais pas seulement
Les pays du G10 sont bien plus touchés sur tous les plans par la pandémie que les pays de l’OCDE qui ont opté pour la stratégie Zéro Covid ou assimilée, représentant un benchmark représentatif (82 millions d’habitants de démocraties avancées économiquement).
Le nombre de morts par million d’habitants était 44 fois plus élevé dans les pays du G10, ce qui 1,1 million de morts de trop au 30 juin 2021. Les performances économiques, de libertés publiques ou de mobilités étaient, elles aussi, moins bonnes.
La stratégie Zéro Covid préserve mieux les économies et accélère les reprises
En 2020, les pays Zéro Covid ont subi un recul du PIB faible (- 1,6 % par rapport à 2019) contre -5 % dans les pays du G10 qui ont laissé la circulation virale repartir.
Au 1er trimestre 2021, le PIB des pays Zéro Covid avait dépassé le niveau d’avant crise (+1,4 % par rapport au 4ème trimestre 2019). A l’inverse, le recul du PIB était toujours significatif dans les pays n’ayant pas éradiqué le virus (-3,3 % par rapport au 4ème trimestre 2019).
Au 2ème trimestre 2021, aucun des pays du G10 n’a récupéré le niveau de PIB trimestriel d’avant crise, à l’exception des Etats-Unis, tandis que c’était chose faite en Australie, Nouvelle-Zélande et Corée du Sud dès le 1er trimestre 2021. Le Royaume-Uni avait un PIB au niveau de 2014, l’Italie était au niveau de 2015, la France et l’Allemagne étaient au niveau de 2017, la Belgique était au niveau de 2018, le Canada et la Suède étaient au niveau de 2019.
La stratégie Zéro Covid préserve mieux les libertés
La stratégie Zéro Covid est moins coûteuse en termes de libertés publiques. L’analyse des données composant le Stringency Index indique un avantage net des pays Zéro Covid sur les autres pays composant le G10 en matière de liberté.
Les pays de l’OCDE appliquant la stratégie Zéro Covid ou assimilée – Australie, Corée du Sud et Nouvelle Zélande – ont 4 points de restrictions en moins que les pays du G10 depuis un an et demi (52 dans le Stringency Index vs 56).
A contrario, l’alternance du stop & go dans les pays du G10, conséquence de la stratégie d’atténuation du virus, conduit à une mise entre parenthèse périodique des libertés au gré des mesures de freinage de la pandémie.
La stratégie Zéro Covid préserve mieux les mobilités quotidiennes
Les données mobilité de Google montrent que la fréquentation des « lieux de travail » a dès le départ reculé moins dans les pays appliquant la stratégie Zéro Covid avec -14 % au 2ème trimestre 2020, contre -36 % dans les pays du G10 n’appliquant pas cette stratégie. Un an plus tard, les pays Zéro Covid gardent un avantage significatif, avec une mobilité quasi normale au 2ème trimestre 2021 (-5%), contre un recul de 22 % dans les pays du G10 n’appliquant pas cette stratégie.
Les données mobilité montrent la même chose pour les lieux associées aux loisirs. La fréquentation des cafés, restaurants, hôtels, commerces non alimentaires et, d’une manière générale, les loisirs et activités culturelles a dès le départ reculé moins dans les pays appliquant la stratégie Zéro Covid avec -17 % au 2ème trimestre 2020, contre -36 % dans les pays du G10 n’appliquant pas cette stratégie. Un an plus tard, les pays Zéro Covid gardent un avantage significatif, avec une mobilité normale au 2ème trimestre 2021 (+1 %), contre un recul de 15 % dans les pays du G10 n’appliquant pas cette stratégie.
La stratégie Zéro Covid permet une meilleure maitrise de l’incertitude
Le croisement des données économiques et sanitaires trimestrielles montre la supériorité de la stratégie Zéro Covid en termes de visibilité. Les populations et les économies peuvent se projeter dans l’avenir.
Au contraire, la trajectoire des pays du G10 avec une stratégie dite d’atténuation connait des oscillations, avec des rebonds de l’épidémie. Les mouvements de yoyo rendent toute projection dans l’avenir difficile. Ceci est particulièrement problématique pour les activités qui reposent sur des interactions sociales significatives et sont fermées depuis des mois en France, comme l’exposent avec récurrence les représentants économiques de l’hôtellerie, de la restauration, de la culture ou des loisirs.
La participation à la vie économique et sociale se réduit lorsque les individus craignent d’être contaminés ou de contaminer les autres. Ce ne sont pas seulement les mesures de restrictions décidées par les pouvoirs publics qui réduisent la mobilité. Les décisions volontaires des individus, qui face à une circulation élevée du virus se retirent en partie de la vie sociale, sont clef. L’exemple de la Suède illustre cette réalité. Même en l’absence de confinement, le recul de la mobilité y a été significatif, ce qui explique pourquoi la contraction économique suédoise a été proche de celle des pays scandinaves ayant confiné. Cela explique à l’inverse une partie du succès de la stratégie Zéro Covid : en éliminant la circulation du virus, le retour à la vie normale est plus complet car la confiance résiste mieux.
Le contraste entre les iles confirme la supériorité de Zéro covid
Le contraste est particulièrement saisissant entre les îles du Commonwealth appliquant une stratégie Zéro Covid (Australie, Nouvelle-Zélande) ou d’atténuation (Royaume-Uni).
Le recul économique du Royaume-Uni a été 4 fois plus prononcé en 2020 et 9 fois plus prononcé que l’Australie et la Nouvelle-Zélande quand on compare le 1er trimestre 2021 et le 4ème trimestre 2019.
Les mesures contraignantes étaient en moyenne 20 % plus élevé au Royaume-Uni que dans les îles d’Océanie, selon le Stringency Index.
Enfin, le recul des mobilités y était 3 fois plus élevé selon les données de Google tandis qu’elle enregistrait 61 fois plus de morts.
La France est bien plus touchée que les pays Zéro Covid sur tous les plans
La France est bien plus touchée par la pandémie que les pays de l’OCDE qui ont opté pour la stratégie Zéro Covid ou assimilée.
Le nombre de morts par million d’habitants était 44 fois plus élevé dans l’Hexagone, ce qui représentait 63 000 morts de trop fin 2020. Au 30 juin 2021, il était 45 fois plus élevé depuis le début de la pandémie soit 107 000 morts de trop.
En 2020, le recul du PIB a été 5 fois plus prononcé, avec un écart de 6,3 points de PIB et un manque à gagner de création de richesse équivalent à 2 200 euros par habitant.
Au 1er trimestre 2021 l’écart de croissance par rapport aux pays Zéro Covid représentait 5,5 points de PIB, soit un manque à gagner de 400 euros par habitant. Alors que les pays Zéro Covid avaient un PIB en hausse de 1,4 % par rapport au dernier trimestre 2019, il était en recul de 4,2 % en France.
Le recul des libertés était plus prononcé. L’index de rigueur ou Stringency Index était en moyenne de 57 depuis le début de la pandémie en France, contre 52 en Australie, Corée du Sud et Nouvelle-Zélande. Alors que les pays Zéro Covid avaient un PIB en hausse de 1,4 %, il était en recul de 4,2 % en France par rapport au dernier trimestre 2019.
Le recul des mobilités était 3 fois plus prononcé. Les données de mobilité de Google montrent que le recul des mobilités associées aux lieux de travail et lieux de loisirs et commerce de détail était de de 29 et 33 % en France, contre 10 et 11 % en Australie, Corée du Sud et Nouvelle-Zélande.
Recommandations pour les politiques publiques françaises
1. Cesser de présenter la vaccination comme la solution pouvant se substituer à toutes les autres mesures de lutte contre Covid-19. Les retours d’expérience étrangers montrent, à ce stade, que le vaccin seul n’enraye pas l’épidémie. Ils plaident pour un couplage des campagne vaccinales avec une démarche Zéro Covid.
2. Sécuriser en urgence les établissements scolaires en vue de la rentrée 2021 avec : installation systématique de capteurs de C02 dans les classes ; aménagement de la restauration (purificateurs d’air, possibilité d’avoir des paniers repas…) pour limiter les contaminations associées à la restauration ; dépistage salivaire systématique deux fois par semaine des élèves ; vraie continuité scolaire pour les enfants ayant covid ou cas contact obligés de rester chez eux.
3. Organiser le retour d’expérience des collectivités françaises ayant déjà mis en oeuvre la démarche (Nouvelle-Calédonie…). Mobiliser les groupes d’amitiés France-Australie et France Nouvelle-Zélande de l’Assemblée nationale et du Sénat pour élargir la remontée d’information sur les stratégies Zéro-Covid.
4. Ouvrir un dialogue entre le gouvernement et les représentants des collectivités locales avec les experts des pays qui mettent en oeuvre la stratégie Zéro Covid.
5. Soutenir la mise place de pilotes dans l’Hexagone, dans les zones où les exécutifs locaux sont réceptifs aux avantages d’une stratégie Zéro-Covid.
6. Organiser des missions d’évaluation des stratégies de lutte contre Sars-Cov2 au sein des assemblées parlementaires et du CESE. Organiser des missions d’information sur le long covid chez les enfants et les adultes.
7. Introduire la stratégie Zéro Covid dans l’analyse des risques liés à la crise sanitaire aussi bien au niveau français qu’européen, l’Union européenne pouvant être un acteur majeur de la coordination de la stratégie à l’image de son investissement dans l’achat de vaccins.