La France reste handicapée par des fiscalités et des réglementations excessives
Faute de réformes structurelles, et contrairement aux discours officiels, la France attend toujours les effets de la reprise économique. Chronique par Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, publiée dans Capital.fr.
En France, la reprise se fait toujours attendre, avec un PIB stationnaire depuis un an. Au deuxième trimestre, il est en recul de 3,3% par rapport à la fin 2019. La production n’est pas revenue à son niveau d’avant-crise, à l’opposé des pays réduisant la circulation virale au plus bas ou des Etats-Unis, compensant l’effet récessif du Covid par des plans de soutien et d’investissement massifs.
Surtout, les obstacles structurels à la croissance sont loin d’être levés. En dépit des discours officiels, le déclassement français est toujours une réalité. Alors que la France réalisait 16% de la production de l’Union européenne en 1995, elle ne représentait plus que 14% en 2019. La rentabilité hexagonale est anémiée. Alors que nous représentions 13% des excédents d’exploitation de l’UE en 1995, nous n’en réalisions plus que 11% en 2019. Certes, la rentabilité de nos entreprises s’est améliorée entre 2018 et 2019, mais cela n’a permis de récupérer qu’un quart du chemin perdu depuis vingt-cinq ans.
La France reste handicapée par des fiscalités et des réglementations excessives. Les entreprises de toutes tailles ont du mal à se développer. Même nos multinationales sont à la peine. Pour croître, elles s’expatrient, triste reflet du déficit d’attractivité français. Depuis le milieu des années 2000, elles investissent massivement en dehors du territoire. Le stock d’investissements français à l’étranger atteignait 57% du PIB en 2019, contre 45% en Allemagne, alors que nous étions au même niveau en 2000. Bilan, les emplois se créent ailleurs. Nos multinationales emploient 5,7 millions de salariés hors de France, devant l’Allemagne (5,5 millions) et le Royaume-Uni (3,6 millions). Cela équivaut à 40% de l’emploi salarié marchand non financier, le double de l’Allemagne (21%) ou du Royaume-Uni (19%).
D’un point de vue social, ce déficit d’attractivité est chèrement payé. La création de richesse par habitant progresse moins vite qu’ailleurs. En vingt-cinq ans, nous sommes passés de la treizième position mondiale à la vingt-quatrième en termes de PIB par habitant. Le travail est rare et moins attrayant qu’à l’étranger. Avant la pandémie, la France comptait entre 500000 et 1500000 chômeurs de trop, selon qu’on se compare à la moyenne européenne ou à l’Allemagne. Plus de 360000 résidents travaillaient de l’autre côté de la frontière, alors qu’on dénombre à peine 10000 habitants de pays limitrophes venant travailler en France. En parallèle, nous avons 2,9 millions d’expatriés, autant que les Etats-Unis, cinq fois plus peuplés.
Pour restaurer notre compétitivité, deux réformes structurelles sont indispensables. Il faut baisser, plus massivement encore que l’a commencé le gouvernement, les impôts de production. Véritables aberrations économiques, ils fonctionnent en effet comme des subventions aux délocalisations et importations. Il faudrait aussi se donner les moyens de réduire le coût du travail en généralisant les fonds de pension. Nous finançons les retraites quasi exclusivement par les prélèvements obligatoires et la répartition. Pour préserver leur compétitivité, nos voisins font aussi appel aux marchés financiers et à la capitalisation.