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Développer la téléconsultation permettrait au système de santé français d’économiser 1 milliard d’euros

Paris, le 18 janvier 2022 – L’Institut économique Molinari publie une étude inédite sur l’impact financier de la téléconsultation qui a connu un essor important du fait de la pandémie Covid.

Elle conclut qu’il faut poursuivre le développement de la téléconsultation plutôt que de la limiter de manière arbitraire à 20 % de l’activité globale d’un médecin. Cette limite, inscrite dans une convention de juillet 2021, n’est pas étayée par la littérature économique.

UN ENJEU ÉCONOMIQUE : 1 MILLIARD D’ÉCONOMIES PAR AN

La téléconsultation est une source d’économie pour les patients et le système de santé, en lien avec l’essor de la téléexpertise entre praticiens et une optimisation du recours aux urgences. Sa banalisation est porteuses d’économies substantielles :

  • 293 millions d’euros économisés par la baisse des dépenses de transport pour les patients optant pour la téléconsultation ;
  • 467 millions d’euros de réduction des dépenses relatives aux consultations de généralistes et de spécialistes ;
  • 284 millions d’euros d’économies générées dans les services d’urgences.

LA TÉLÉCONSULTATION, UN ESSOR LIÉ AU PREMIER CONFINEMENT

  • La téléconsultation, consultation à distance ou visio-consultation, est intégrée dans la nomenclature de la Sécurité sociale depuis septembre 2018. D’après le code de la santé publique elle « a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation ».
  • Son démarrage a été très lent, avec moins de 10 000 actes par mois jusqu’à l’été 2019.
  • C’est l’épidémie de Covid-19 et le premier confinement qui a réellement marqué l’essor de la téléconsultation en France : Le nombre de téléconsultations est passé de 40 000 par mois en février 2020 à 4,5 millions en avril 2020 (chiffres Assurance Maladie).
  • Les trois quarts des médecins généralistes ont mis en place la téléconsultation, alors que moins de 5 % la pratiquaient avant la pandémie (chiffres Drees).
  • Pour autant le volume de téléconsultation est redescendu rapidement. Alors que la téléconsultation représentait 27% de la valeur des consultations (en face à face et à distance) des médecins et dentistes libéraux, soin poids est retombé à 5% en moyenne depuis septembre 2020.

LA TÉLÉCONSULTATION, TOUT AUSSI EFFICACE DANS DE NOMBREUX CAS

  • Lors du premier confinement de 2020, 80 % des téléconsultations ont été effectuées par des généralistes, 6 % par des psychiatres, 2 % par des pédiatres, les autres spécialistes regroupant chacune moins de 1 % des visites. Toutes spécialités confondues, 28 % des téléconsultations concernaient un suivi d’une maladie chronique.
  • En temps normal, la téléconsultation est particulièrement utile dans les situations suivantes : traitement des premiers symptômes des patients, traitement du suivi des maladies chroniques (notamment des patients diabétiques, des patients souffrant de maladies cardiaques ou respiratoires) ou mentales, suivi des personnes âgées.

UN PLUS POUR LE PATIENT

  • Plus grande réactivité. Demande de précision, renouvellement d’ordonnance, la téléconsultation peut souvent être une solution plus rapide pour le patient. A cet égard, les téléconsultations en ophtalmologie sont plébiscitées par les patients voulant s’assurer du caractère bénin de l’apparition d’une veine ou d’une tâche dans leur œil. Dans ce cas, ils préfèrent la téléconsultation car le rendez-vous est plus rapide et n’implique qu’une réponse immédiate, de quelques secondes, de la part de n’importe quel ophtalmologiste.
  • Économie de temps de déplacement. Lorsque la consultation a pour objectif la délivrance d’un certificat médical pour un patient en bonne santé, jeune et sans comorbidité, la téléconsultation permet d’économiser le temps de déplacement et d’attente dans le cabinet. La téléconsultation est aussi appréciée par les patients âgés ou souffrant de maladies chroniques nécessitant un suivi régulier et vivant dans des zones rurales.
  • Réduction des coûts psychologiques de la consultation. Lorsque la consultation en face à face est éprouvante, la téléconsultation peut s’avérer souhaitable. C’est par exemple ce qu’observe une étude portant sur des adolescents âgés de 12 à 18 ans qui souffrent de spina bifida.

UN ENJEU DE SANTÉ PUBLIQUE

La téléconsultation, proposée directement aux patients, comme la télé expertise organisée par le généraliste, participe à l’optimisation du parcours de soins. L’efficacité est d’autant plus importante que les deux techniques sont utilisées conjointement.

  • Prise en charge plus précoce du patient, soit diminution des risques d’aggravation d’une pathologie et donc des hospitalisations ;
  • Réduction des consultations non nécessaires de spécialistes, leur permettant de se concentrer sur les cas requérant leur expertise grâce à des échanges dématérialisés en amont entre le généraliste et le spécialiste, en particulier en dermatologie, ophtalmologie et oto-rhino-laryngologie ;
  • Meilleure orientation des patients et réduction de l’engorgement des services d’urgence. Un plus grand recours à la téléconsultation permettrait de réduire de 9 % les visites aux urgences, qui coutent 3,1 milliards d’euros par an, soit une économie annuelle de 284 millions d’euros.

CITATIONS

Pierre Bentata, auteur de l’étude
« En se basant sur la littérature de santé publique internationale et les données de l’Assurance maladie française, nous montrons que le développement de la téléconsultation, combiné avec l’essor de la téléexpertise, permettrait d’économiser un milliard d’euros par an. Ces formes de télémédecine permettent de réduire les frais de déplacement des patients de 290 millions d’euros et à l’Assurance maladie française d’économiser, a minima, 750 millions d’euros chaque année, sans nuire à la qualité des soins. »

Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari (IEM).
« Au moment où les pouvoirs publics cherchent à dégager des économies en santé, banaliser encore plus le recours à la téléconsultation tombe sous le sens. En rythme de croisière, la téléconsultation permettrait d’économiser plus d’un milliard d’euros par an, avec moins de frais de déplacement pour les patients et moins de consultations ou visites aux urgences contreproductives. Banaliser la téléconsultation, en supprimant la limite de 20% par médecin entravant son développement en France, devrait être un enjeu partagé. »

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari (IEM).
« La téléconsultation a connu un essor considérable sous l’effet de la pandémie Covid. Soucieux de la dépense de santé et craignant son effet inflationniste, les pouvoirs publics et les représentants des médecins ont plafonné les téléconsultations à 20 % de l’activité globale d’un médecin en juillet 2021. Cette décision n’a pas de rationalité économique puisque la téléconsultation est un moyen qualitatif et économique de fournir des soins de santé. Plus encore, elle n’est pas en phase avec les besoins d’une société qui continue de subir les affres de la pandémie. Il est important de faciliter le recours aux moyens innovants permettant de maintenir un bon rapport coût/qualité des soins, ce qui passe par un assouplissement des contraintes réglementaires. »

RESSOURCES

L’étude intitulée « Recours à la téléconsultation et à la téléexpertise organisée par le généraliste : quel impact économique attendre en France ?» (44 pages) est disponible sur le site de l’IEM.

POUR TOUTE INFORMATION OU INTERVIEW, CONTACTER :

Nicolas Marques, directeur général, Institut économique Molinari, co-auteur.
(Paris, langue française)
nicolas@institutmolinari.org
+ 33 6 64 94 80 61

Ou Cécile Philippe, présidente, Institut économique Molinari
(Paris, Bruxelles, langue française ou anglaise)
cecile@institutmolinari.org
+33 6 78 86 98 58

AU SUJET DE L’IEM

L’Institut économique Molinari (IEM) est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser la liberté et la responsabilité individuelles. L’Institut entend faciliter les changements, en suscitant un débat autour des idées reçues, génératrices de statu quo. Il vise à stimuler l’émergence de nouveaux consensus en proposant une analyse économique des politiques publiques, en illustrant l’intérêt de l’échange, ou en montrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités plus clémentes. L’IEM est une organisation à but non lucratif financée par les cotisations volontaires de ses membres : individus, entreprises ou fondations. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.

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