Communiqués de Presse

En dépit des réformes, la compétitivité française reste en retrait de 7% pour les salaires nets de prélèvements et de 35% pour la rentabilité des entreprises. La France, championne de la fiscalité sur le travail et la création de richesses, est le pays le moins rentable

Paris, 29 mars 2022 – L’Institut économique Molinari publie un palmarès inédit de la compétitivité comparée des six principales économies européennes, tant pour les salariés que les entreprises.

Construit à partir des données officielles (Eurostat, OCDE…), il offre une vision inédite des fragilités de l’économie française, tant pour le pouvoir d’achat que la profitabilité des entreprises.

7% de revenus nets de prélèvements obligatoires en moins pour les salariés moyens français

Pour le salarié moyen célibataire sans enfant, les prélèvements obligatoires représentent en moyenne 51 % du coût employeur. Cela laisse 49 % de rémunération nette de cotisations et d’impôts, contre 56 % en moyenne dans les grandes économies européennes. La France est dernière et loin derrière le Royaume-Uni, avec un revenu salarié net de prélèvements représentant 64 % du coût employeur.

Pour les couples avec un salaire moyen, un conjoint non rémunéré et deux enfants, les prélèvements obligatoires représentent en moyenne 45 % du coût employeur en France. Cela laisse 55 % de rémunération nette de prélèvements obligatoires, contre 62 % en moyenne dans les grandes économies européennes. La France est dernière ex aequo avec les Pays-Bas et loin derrière l’Allemagne, avec un revenu salarié net de prélèvements représentant 70 % du coût employeur.

Pour les hauts salaires, la France reste la pire destination, sauf pour les couples avec un conjoint sans revenu et deux enfants. Pour les familles aisées, les meilleures destinations sont l’Allemagne, l’Espagne, puis la France, l’Italie et les Pays-Bas.

La qualité de l’offre de protection sociale n’explique pas à elle seule le manque de compétitivité-prix hexagonal. Les dépenses de protection sociale par habitant en France (12 200 €) sont équivalentes à celles de l’Allemagne (12 600 €) et plus faibles qu’aux Pays-Bas (13 500 €). Le poids des dépenses de protection sociale dans le PIB français (34 %) est proche de l’Allemagne (30 %) ou de l’Italie et des Pays-Bas (29 %).

La France 35% moins rentable pour les entreprises

En dépit de la baisse des impôts de production, la France reste 35 % moins rentable que l’ex UE à 28, 28 % moins rentable que le Royaume-Uni, 30 % moins rentable que l’Allemagne, 43 % moins rentable que l’Italie et l’Espagne et 45 % moins rentable que les Pays-Bas.

Côté coût employeur, retour sur investissement ou retour sur dépenses de personnel, la France est mal placée voire le pire des choix

Pour minimiser ses dépenses de personnels, mieux vaut choisir l’Espagne et l’Italie, qui permettent d’économiser 40 % sur la masse salariale ou d’embaucher, à budget identique, 60 % de salariés en plus. Puis, viennent le Royaume-Uni (10 % moins cher), les Pays-Bas et l’Allemagne (5 % moins chers).

Pour maximiser le retour sur investissement, direction les Pays-Bas et l’Espagne avec une profitabilité plus de 2 fois supérieure, puis le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne et, en dernier, la France. Si la baisse des impôts de production améliore la donne, elle ne permettra pas de gommer l’écart de compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne et de l’Italie, la France restant le pire choix de localisation.

Pour le meilleur ratio pouvoir d’achat salariés/coût employeur, le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas remportent la mise avant la France où le salaire net de prélèvements obligatoires est 12 % moins élevé qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni, alors que l’employeur dépense plus en France pour ses salariés.

La fiscalité continue de pénaliser la création de richesses dans l’hexagone

Pour dégager 100 € d’excédent net d’exploitation, l’entreprise moyenne en France devait s’acquitter de 168 € de prélèvements obligatoires nets de subvention en 2019, dernière année avant crise, 79 € en moyenne dans l’Union européenne à 28. La fiscalité de production et les cotisations sociales patronales pesaient négativement deux fois plus sur la compétitivité que dans le reste de l’UE.

Les projections montrent que la situation s’améliore avec la baisse des impôts de production (2021) et la généralisation de la baisse l’impôt sur les sociétés (2022), sans que cela ne résorbe le handicap de compétitivité-prix français lié aux prélèvements obligatoires. L’entreprise moyenne en France devrait s’acquitter en 2022 de 148 € de prélèvements obligatoires nets de subvention pour 100 € d’excédents nets. La fiscalité continuera de peser plus que les excédents nets des entreprises, une exception française.

Une politique de l’offre en trompe l’œil

Même en 2022, l’économie française restera dans une position concurrentielle délicate : aides et subventions déduites, la fiscalité ciblant les entreprises devrait être encore supérieure de 1,6 point de PIB à celle de ses voisins.

La politique économique conduite dans l’Hexagone n’est pas favorable à l’offre. Prétendre l’inverse, c’est céder à un effet d’optique et inverser causes et conséquences. C’est parce que la fiscalité française est hors-normes que des mécanismes d’« aides aux entreprises » ont été mis en place. Ils ne compensent qu’un sixième des effets délétères d’une fiscalité française surdimensionnée et mal conçue, d’où la persistance des déséquilibres structurels (balance commerciale, déficits publics…) et un sur-chômage par rapport à l’Union européenne.

CITATIONS

Nicolas Marques, Directeur général de l’Institut économique Molinari, co-auteur
« En dépit des assouplissements des dernières années, les entreprises françaises restent moins profitables que leurs concurrentes européennes et les salariés moyens français restent plus fiscalisés, ce qui nuit à la création d’emplois et au pouvoir d’achat. Conséquence, le chômage structurel reste anormalement élevé et les déficits subsistent.

Présenter la politique française comme généreuse vis-à-vis des entreprises est une vison biaisée. C’est parce que l’entreprise taxe plus la création de richesse que ses voisins, qu’elle a des problèmes de compétitivité, d’emploi et de pouvoir d’achat particulièrement prononcés, ce qui a légitimé la mise en place de palliatifs parfois présentés de façon caricaturale comme une « politique de l’offre ».

L’enjeu reste de réduire les fiscalités pénalisant la création d’emplois et la croissance des salaires. Une partie significative de nos impôts de production, hors normes en France, est répercutée sur les salariés. Cette fiscalité encourage la modération salariale dans l’Hexagone et les délocalisations. C’est une erreur sociétale. »

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari et co-auteure
« Certains présentent la politique économique française comme une politique « pro business ». Dans les faits, c’est une tentative de compensation, très incomplète, des effets pervers générés par une fiscalité française surdimensionnée et mal conçue.

C’est une juxtaposition de dispositifs cherchant à réduire les désagréments, faute de traiter le problème de fond, s’assimilant à des béquilles sur une économie structurellement déséquilibrée. Ces béquilles profitent – au-delà des entreprises et des actionnaires – aux actifs et aux consommateurs. Si l’on veut s’en passer, il faudra avoir le courage de faire les réformes permettant de créer plus de richesses.

Il y a deux priorités, réduire les impôts de production de 35 milliards d’euros au niveau de nos voisins, pour produire plus. Reculer l’âge de la retraite et généraliser les capitalisations collectives, pour éviter que le financement des retraites ne nuise trop à la compétitivité.

Les entreprises n’ont pas besoin d’être « aidées ». Elles ont besoin d’une fiscalité compatible avec la création de richesse en France, elle-même compatible avec le modèle social auquel nos concitoyens aspirent. La vraie politique de l’offre, ce serait de cesser de pénaliser les entreprises et le travail en France. »

ETUDE ET INFOGRAPHIE DATAWRAPPER

– Lien vers l’étude: https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2022/03/etude-competitivite_2022_fr.pdf
– Lien vers la synthèse: https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2022/03/synthese_etude_competitivite_2022_fr.pdf
– Liens vers les principales infographies
https://www.datawrapper.de/_/iW66E/
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https://www.datawrapper.de/_/tpHbJ/
https://www.datawrapper.de/_/shyRY/
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https://www.datawrapper.de/_/RtsVA/
https://www.datawrapper.de/_/WK5v5/
https://www.datawrapper.de/_/pgui9/
https://www.datawrapper.de/_/kmwL0/

A PROPOS DES AUTEURS ET DE LA METHODE

L’étude est écrite par Nicolas Marques et Cécile Philippe, de l’Institut économique Molinari.

Elle porte sur l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. A eux seuls, ces 6 pays représentaient 74 % de la création de richesse de l’Union européenne à 28 en 2019.

Ce travail mobilise des données Eurostat, permettant une approche homogène des comptes d’exploitation des entreprises et des différentes couches de fiscalité, qu’il s’agisse des impôts de production, des cotisations sociales patronales ou de l’impôt sur les bénéfices. Une partie des calculs sont faits à partir de la valeur ajoutée nette, qui permet de suivre ce qui revient aux salariés (les rémunérations brutes), aux administrations de protection sociale (au titre des cotisations patronales) et à l’entreprise (les excédents d’exploitations nets) une fois déduit l’amortissement (l’usure du capital).

Ce travail fait appel aux données de l’OCDE, complétées par les auteurs en fonction des législations nationales pour garantir une homogénéité des calculs, en intégrant à la fois les dépenses de protection sociales à destination d’organismes publics et privées (mutuelles, fonds de pension…).

A PROPOS DE L’INSTITUT ECONOMIQUE MOLINARI

L’Institut économique Molinari est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser une meilleure compréhension des phénomènes et défis économiques, en les rendant accessibles au grand public. A cet effet, il effectue des recherches scientifiques, organise des cercles de réflexion, édite des publications, propose des formations et toutes formes d’enseignement en ce sens. Ses travaux contribuent à stimuler l’émergence de nouveaux consensus, en proposant une analyse économique des politiques publiques illustrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités mieux pensées. L’IEM est une organisation à but non lucratif, financée par les cotisations volontaires de ses membres, individus, fondations ou entreprises. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.

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