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Prononcé le 30 mars 2022, Bruno Le Maire, la compétitivité et les impôts de production

Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, par Sonia Mabrouk et Dimitri Pavlenko à Europe 1 le 30 mars 2022. Extrait sur la politique économique du gouvernement et l’élection présidentielle.

DIMITRI PAVLENKO
Bon. Je vous cite des chiffres qui sortent de l’institut Molinari, qui publiait une étude hier, montrant que malgré les réformes du quinquennat en faveur de la compétitivité des entreprises, vous avez parlé aussi d’attractivité tout à l’heure, on est quand même encore loin d’avoir remonté le peloton européen du fait d’une fiscalité, pardonnez-moi d’insister, mais qui demeure plus forte chez nous qu’ailleurs, et il y a ce chiffre, la rentabilité des entreprises françaises, 17%, c’est 26% en moyenne dans l’Union européenne. Alors, comment on fait pour récupérer ces 9 point qui nous séparent encore des autres, Bruno LE MAIRE ?

BRUNO LE MAIRE
Ça, pour le coup, voyez, étant un garçon honnête, je ne le conteste pas, je suis tout à fait d’accord que ce que nous avons engagé c’est bien, ça donne des résultats, on le voit sur la croissance, on le voit sur l’emploi, qui est quand même le grand succès d’Emmanuel MACRON, le taux d’emploi le plus élevé depuis 1975, c’est lui qui l’a fait, ce n’est pas les oppositions, on a amélioré la compétitivité des entreprises, mais, reconnaissons-le, il faut aller plus loin. Et dans le projet d’Emmanuel MACRON, quand il propose de supprimer 7 milliards d’euros de contribution, la CVAE, donc un impôt de production, c’est pour essayer une fois encore de raccrocher les wagons avec nos concurrents, notamment l’Allemagne, qui ont des impôts de production qui sont beaucoup moins élevés.

DIMITRI PAVLENKO
Mais pourquoi voter Emmanuel MACRON, plein d’autres candidats proposent la baisse des impôts de production?

BRUNO LE MAIRE
Mais pour une raison qui est simple, c’est que nous on l’a fait, et que lorsque j’ai proposé la baisse des impôts de production, c’est un combat que nous avons mené, avec le président de la République, depuis 2017, les mêmes, qui aujourd’hui demandent plus d’impôts de production, plus de baisse d’impôts de production, les mêmes, les mêmes, s’opposaient à cette baisse des impôts de production. Moi j’ai souvenir d’un François BAROIN, président de l’AMF, venant m’expliquer qu’il était hors de question de baisser les impôts de production, les Républicains, donc quand les Républicains ensuite viennent vous dire il faut baisser les impôts de production, c’est très sympathique, mais nous on l’a fait, on l’a fait contre eux, et on propose d’aller plus loin.

SONIA MABROUK
Bruno LE MAIRE, c’est important, vous parlez des communes, puisque vous avez parlé de l’AMF, il y a aussi pour les propriétaires l’envol de la taxe foncière, les communes affirment qu’elles n’ont pas d’autre choix aujourd’hui, vous ne leur avez pas laissé le choix en supprimant la taxe d’habitation sans compensation, c’est un vrai sujet. Il y a beaucoup de propriétaires, on ne parle pas de gens extrêmement riches, mais qui possèdent un bien, que dites-vous à tous ces Français aujourd’hui, et les communes qui vous disent « nous nous n’avons pas le choix, ça va…un montant record! »?

BRUNO LE MAIRE
Je dis que nous avons compensé, par exemple sur la baisse des impôts de production, nous avons compensé par des recettes de TVA, donc nous avons compensé à l’euro près la perte de recettes fiscales, et là je vois bien les inquiétudes des communes sur la nouvelle baisse des impôts de production, elle est indispensable pour réindustrialiser le pays, et on va le faire en dialoguant avec les communes, en dialoguant avec les maires, pour s’assurer qu’effectivement ils ne perdent pas, notamment c’est plutôt les régions qui sont concernées par la suppression de la CVAE, mais nous allons le faire en concertation et dans le dialogue avec eux. Mais je reviens à cette idée de long terme, qu’est-ce qu’on veut comme France sur le long terme, est-ce qu’on veut, oui ou non, la réindustrialisation du pays ? Est-ce qu’on veut enfin, comme nous avons commencé à le faire, mettre fin à des décennies de délocalisations ? vous ne pouvez pas le faire, et Dimitri PAVLENKO l’a très bien dit tout à l’heure, si vous n’êtes pas au même niveau de compétitivité, et d’offre en matière fiscale, que vous voisins allemands, italiens ou espagnols, c’est totalement impossible, donc il faut juste, dans ce débat présidentiel, qu’on sache quelle France nous voulons, à échéance de 15 ou 20 ans. Nous nous voulons une France qui a retrouvé sa puissance industrielle, nous voulons une France du plein emploi, où tout le monde a un travail, et nous voulons une France qui soit décarbonée, voilà les orientations qui justifient nos choix politiques actuels.

Source : Service d’information du Gouvernement, le 31 mars 2022
Lien vers le site du Service d’information du Gouvernement

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