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Ecole: 16 milliards d’euros par an d’inefficiences en France

Le dernier classement Pisa nous rappelle qu’il ne suffit pas de déverser de l’argent sur un problème pour le résoudre. Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.

Le dernier classement Pisa réalisé par l’OCDE vient de sortir et confirme le positionnement moyen de la France. En dépit d’investissements massifs en matière d’éducation et de formation, la position de la France se dégrade.

Evaluations internationales, importants taux d’inadéquation des compétences, de surqualification ou de jeunes ni scolarisés, ni employés, ni en formation (NEET) mettent en évidence la décorrélation des dépenses publiques avec la performance du système, un coût que nous évaluons à 16 milliards d’euros.

Entre 1985 et 2022, la massification de l’éducation a généré une augmentation très significative de la dépense intérieure d’éducation qui est passée de 97 milliards à 180 milliards, soit une hausse de +85 % en euros constants. Par élève, la dépense moyenne est passée de 5.200 à 9.860 euros, soit une hausse de +90 %.

On aurait donc pu s’attendre à une amélioration des performances. Le dernier classement Pisa nous rappelle cependant qu’il ne suffit pas de déverser de l’argent sur un problème pour le résoudre. Lorsqu’on compare la France à 29 autres pays européens, on constate qu’elle n’arrive qu’en 22e position.

Travers spécifiquement français

Si elle était parvenue à être aussi efficace que les pays les plus performants (Irlande, Estonie et Pays-Bas), les mêmes résultats auraient dû être atteints en économisant 16 milliards d’euros ou 9 % des dépenses d’éducation.

Le caractère moyen du retour sur investissement éducatif français peut s’expliquer par divers facteurs. Certains touchent tous les pays développés, en proie à un surinvestissement éducatif plus ou moins prononcé. D’autres sont liés à des travers plus spécifiquement français, qu’il s’agisse du manque d’autonomie, des carences de la formation professionnelle ou même de l’imprévoyance de l’Etat en matière de retraites qui renchérit le coût de production des prestations éducatives.

Nombre de travaux scientifiques observent ainsi qu’un trop grand accès au diplôme du supérieur favorise une forme de dévalorisation des diplômes qui induit à son tour une inflation des diplômes. Le taux d’emplois surqualifiés en Europe est significatif (22 %). Dans l’hexagone, il est passé de 14 % en 1996 à 22 % en 2022, soit une augmentation de 8 points en 26 ans.

Par ailleurs, en matière d’autonomie des enseignants, la France est mal classée (50 sur 68 pays selon l’OCDE). Or, tous les pays en tête du classement font la part belle à l’autonomie des écoles, aussi bien en termes d’organisation, que de recrutement et de choix des méthodes.

Grosses dépenses, bas salaires

Côté adéquation de la formation à l’emploi, la France a pris le problème à bras-le-corps , en dynamisant l’apprentissage . C’est un succès quantitatif indéniable, mais cette politique est coûteuse. Enfin, le paiement des cotisations retraites absorbait 29 % des ressources l’Education nationale en 2019, soit 9 points de plus que dans l’union européenne.

Ce surcoût français – qui représente 15 milliards d’euros par an – explique pourquoi la France a des dépenses de personnel éducatif supérieures à la moyenne européenne, sans que les salaires nets soient particulièrement attrayants. Cela nuit évidemment à l’attractivité du métier d’enseignant, dont on sait combien la motivation est importante à la réussite des élèves.

La France dépense sans compter. Il n’y a pas que les élèves qui ont des difficultés en mathématiques, compréhension ou sciences, c’est un phénomène généralisé dans un pays qui confond souvent désirs et réalités.

 

Cécile Philippe

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