La politique de l’offre, clé pour l’emploi
Pour poursuivre la baisse des impôts de production et résorber notre chômage, il faut entamer des négociations avec les collectivités locales qui en perçoivent l’essentiel (57 %). Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.
Le taux d’emploi a progressé de 3,4 points en 2023 par rapport à fin 2016. Il est passé de 65 % de la population de 15 à 64 ans en 2016 à 68,4 % en 2023. Cela représente une hausse de l’emploi de près de 1,6 million de personnes en France. Fin 2023, le taux d’emploi des hommes de 15 à 64 ans était de 71 %, un chiffre jamais atteint depuis 1990. Celui des femmes était de 66 %, un chiffre inédit depuis que l’Insee le mesure en 1975.
L’apprentissage a joué dans cette évolution positive. Il est reconnu depuis longtemps comme moyen d’insérer les jeunes dans la vie professionnelle. Le sujet a été pris à bras-le-corps à partir de 2018. Une partie des créations d’emplois est liée au développement de l’apprentissage, avec un taux d’emploi des 15-24 ans en hausse de 6,8 points (35,2 % en 2023 contre 28,4 % en 2016), soit 680.000 créations d’emplois.
Mais l’apprentissage n’explique pas tout puisque l’essentiel est ailleurs avec 890.000 créations d’emplois entre 25 et 64 ans. Si, à ce stade, toutes les études d’impacts ne sont pas disponibles, il est probable que la politique de modération fiscale conduite par les différents gouvernements d’Emmanuel Macron, et notamment la baisse des impôts de production, a rendu possible cette progression inédite.
La nocivité de la fiscalité de production : un consensus
La nocivité de la fiscalité de production fait consensus chez les économistes. Elle est reconnue pour ses effets délétères sur l’ensemble de la société française en ce qu’elle nuit à l’appareil productif et, par ricochet, à la progression des salaires, à l’emploi et à la compétitivité. Le gouvernement en 2020 l’avait compris en organisant la baisse des impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros en 2021 et 2022. Bien que timorée, cette baisse a contribué à doper l’emploi.
Dans un travail de 2021, nous estimions qu’une réduction des impôts de production au niveau de nos voisins européens permettrait de créer à terme 750.000 emplois. Si ce mouvement est loin d’être achevé, il est certain que le choix de réduire la fiscalité sur la création de richesse a aidé à résorber le chômage et recréer des emplois dans des proportions inédites depuis les années 1990, avec une hausse du taux d’emploi de 2 points en 2021 et 2022.
Ceci devrait convaincre nos autorités du pouvoir exceptionnel de la baisse des impôts de production, d’autant plus qu’il reste du chemin à faire et cela concerne tous les secteurs. En 2022, la France conservait encore des impôts de production hors normes par rapport à ses voisins avec 39 milliards d’euros d’impôts de production une fois les subventions déduites.
Une anomalie dans une Europe où 12 pays, dont l’Allemagne et les Pays-Bas, subventionnent la production plus qu’ils ne la taxent. Fin février, le taux de chômage en France était de 7,4 % contre 6 % dans l’Union européenne. Il y avait 440.000 chômeurs de trop par rapport au reste de l’Union européenne.
Pour poursuivre la baisse des impôts de production et résorber notre chômage excessif, l’élément clé est maintenant d’entamer des négociations avec les collectivités locales. Elles perçoivent l’essentiel de la fiscalité de production (57 %) qui représente 23 % de leur financement. La solution la plus prometteuse est le partage des fiscalités traditionnelles, en particulier les taxes sur la consommation comme la TVA qui fête ses 70 ans, ce que fait l’Espagne, ou l’impôt sur les sociétés, à l’image de ce qui se fait en Allemagne.
Cécile Philippe est présidente de l’Institut économique Molinari.