BFM Business, « Good evening business » du 19/11/2024
Nicolas Marques rappelle que l’agriculture souffre bien plus des fiscalités et règlementations françaises que du libre-échange. La balance commerciale française ne cesse de se dégrader avec les autres pays de l’UE (-4,6 milliards d’€ en 2023), alors qu’elle reste excédentaire avec le reste du monde (+9,9 milliards d’€) notamment en raison du secteur vin et spiritueux.
La priorité pour l’agriculture devrait être de casser la spirale française de réglementation et de fiscalisation. La France est championne de la fiscalité agricole. Elle représente 35 % des impôts de production en Europe. Ses agriculteurs ne touchent que 14 % des subventions après impôts, alors qu’ils représentent 18 % de la production. Ils sont moins aidés que la plupart de leurs compétiteurs européens, car les pouvoirs publics français sont experts à récupérer ce qu’ils donnent. Ils sont aussi plus entravés par des réglementations tatillonnes et paralysantes, d’où la perte de compétitivité de la France vis-à-vis de ses partenaires.
La priorité française devrait être de négocier des contreparties, notamment pour les producteurs de viande dont les marges pourraient être réduites avec l’arrivée de production du Mercosur. D’un point de vue global, s’agissant d’un traité concernant les biens et services au-delà de la seule agriculture, la priorité devrait aussi être de négocier un vrai desserrement des contraintes pesant sur le nucléaire français. La grogne des agriculteurs doit servir à quelque chose. Se mettre dans la posture d’opposants sans faire avancer les vrais sujets serait une erreur économique et politique.