Le nucléaire en France a permis d’éviter 28 fois les émissions totales de CO2 de 2023 depuis sa mise en service il y a 47 ans
Paris, le 6 mars 2025 – L’Institut économique Molinari publie une nouvelle estimation de la quantité de CO2 évitée grâce au nucléaire. Clef d’un point de vue environnemental, le choix du nucléaire est aussi technique et économique. Cependant, dans un contexte politique très incertain, les besoins à long terme en matière énergétique risquent de passer au second plan. Nos dirigeants devraient pérenniser le choix historique français du recours à l’énergie nucléaire.
L’ENERGIE NUCLEAIRE : UN ATOUT MAJEUR FRANCAIS
Une source incontournable d’énergie décarbonée :
- 28 années d’émissions totales de CO2 de 2023 évitées en 47 ans : le remplacement des énergies fossiles par le nucléaire a permis d’éviter l’émission d’environ 28 fois les émissions totales d’équivalent CO2 de la France en 2023 ;
- L’énergie qui émet le moins de CO2 par kWh produit: avec 4 grammes d’émissions d’équivalent CO2 au kWh (liées à la construction de la centrale, à son entretien et à son démantèlement en fin de vie) le nucléaire émet 3 à 4 fois moins que l’éolien et 8 à 11 fois moins que le photovoltaïque ;
- Les besoins en eau ne sont pas un sujet critique. Arrêter temporairement certains réacteurs en été, lorsque la demande en électricité est faible, reste facilement gérable. Les études prospectives relatives à un réchauffement climatique de 2°C montrent une augmentation limitée des indisponibilités dues à l’eau, de l’ordre de 0,4 % de la production annuelle ces dernières années. Les nouveaux réacteurs, refroidis par l’atmosphère (par des aéroréfrigérants humides), consommeront très peu d’eau et cette dernière s’évaporera sans réchauffer les cours d’eau.
Une grande compétitivité et indépendance géostratégique de la production d’électricité du pays vis-à-vis des fournisseurs :
- des importations de combustibles fossiles évitées: A l’exception de l’année 2022, la France a été depuis des décennies le premier exportateur d’électricité d’Europe (et du monde) pour des recettes à l’exportation se chiffrant entre 1 et 5 milliards d’euros selon les années ;
- des stocks significatifs: l’uranium importé provient d’une diversité de pays, la France dispose de stocks significatifs (30 000 tonnes soit 4 ans de production) et aussi d’uranium issu du retraitement des combustibles usés (soit 4 ans de plus de production d’électricité) ;
- des métaux critiques économisés : le nucléaire, à la différence de l’éolien et du solaire, nécessite peu de métaux critiques par kWh produit dont les pénuries sont un risque majeur.
Une production d’électricité « pilotable » en très grande quantité :
- une faible emprise au sol du fait d’une densité énergétique très élevée : le nucléaire a besoin de seulement 0,03 hectare (ha) par mégawatt (MW) installé. Il faut environ 80 fois plus de terrain pour le photovoltaïque et plus de 400 fois plus d’emprise totale pour un parc éolien terrestre. C’est autant de paysages préservés, de pollution sonore et de dévalorisation des habitats proches économisées ;
- pas de coûts supplémentaires associés à la multiplication des liaisons aux réseaux, contrairement aux sources intermittentes pour lesquelles de nombreux raccordements supplémentaires sont nécessaires ;
- des prix anticipables: le nucléaire permet d’avoir de la visibilité à long terme sur les prix, l’uranium n’intervenant que pour environ 5 % du coût du kWh d’électricité.
L’ENERGIE NUCLEAIRE : LE RISQUE EST SURTOUT POLITIQUE
- Les déchets nucléaires sont triés et traités avec une extrême rigueur sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). Les plus dangereux sont fondus dans des matrices de verres spéciaux puis encapsulés dans des conteneurs en acier inoxydable. Ils sont ensuite stockés à 500 mètres sous terre dans des roches qui n’ont pas bougé depuis plusieurs millions d’années (stockage Cigéo).
- Par contre le financement des 6 prochains EPR2 français n’a pas encore été approuvé et l’instabilité gouvernementale éloigne un accord rapide pourtant nécessaire pour engager les projets. Au niveau européen, en dépit d’avancées notoires, les installations nucléaires françaises historiques ne sont toujours pas considérées comme « vertes » ce qui ajoute une complexité supplémentaire.
Trois axes pour libérer le nucléaire français
- Prolonger jusqu’à au moins 60 ans les réacteurs actuels
Les plus anciens d’entre eux viennent à peine de dépasser 40 ans d’exploitation et sont beaucoup plus sûrs que lorsqu’ils étaient neufs. Ils ont été régulièrement rénovés et leur niveau de sûreté a été amélioré tous les 10 ans pour tenir compte des progrès des connaissances et du retour d’expérience français et international.
Les réacteurs américains de même technologie ont obtenu pour la plupart des prolongations de leur licence d’exploitation jusqu’à 60 ans, et certains d’entre eux jusqu’à 80 ans, d’autres faisant l’objet de demandes en cours d’instruction.
Ces prolongations sont soumises aux contrôles et accords de l’ASNR, dont la décision est souveraine en termes de sûreté.
- Relancer un nouveau programme de réacteurs nucléaires pour augmenter les capacités de production indispensables à la hausse des besoins en électricité décarbonée dans le futur.
Un soutien politique stratégique sans faille dans la longue durée est nécessaire, notamment un accord pour lancer le premier EPR2.
- Entériner l’autorisation de la mise en place de mesures post-marché pour l’électricité d’origine nucléaire des installations historiques permettant de stabiliser les prix à long terme pour les consommateurs
RESSOURCES
L’étude intitulée « Pourquoi la France doit absolument pérenniser son choix historique du recours à l’énergie nucléaire » est disponible sur notre site : https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2025/02/etude-nucleaire-2025.pdf
3 infographies Datawrapper sont disponibles :
- Années de CO2 évitées grâce au nucléaire français : https://www.datawrapper.de/_/gdvBc/
- L’électricité nucléaire émet moins de CO2 : https://www.datawrapper.de/_/FOuk5/
- Echanges commerciaux d’électricité : https://www.datawrapper.de/_/oilw0/
A PROPOS DE L’AUTEUR
Georges Sapy, ingénieur Arts et Métiers et Supélec de formation, a fait toute sa carrière dans le Groupe EDF. Après quelques années dans la R&D, il a travaillé dans l’ingénierie des grandes installations de production d’électricité, majoritairement nucléaires, en France et à l’international (Corée du Sud, Chine) ainsi que thermiques à combustibles fossiles à l’international. Membre de la SFEN, du collectif Sauvons le Climat et de PNC-France, il s’investit depuis plusieurs années dans les problématiques d’insertion d’électricité variable et intermittente dans les systèmes électriques.
Il a publié plusieurs livres concernant l’énergie nucléaire et la transition énergétique.
CITATIONS
Georges Sapy, auteur de l’étude
« « On ne fait pas du nucléaire par plaisir mais par nécessité. » Cette déclaration de Bernard Bigot, grand scientifique, ancien Haut-commissaire à l’énergie atomique, ancien Administrateur général du CEA, ancien Directeur général d’ITER, n’a jamais été autant d’actualité : face au réchauffement climatique, refuser le nucléaire serait se priver de la source d’énergie décarbonée la plus puissante connue à ce jour et se condamner à un manque d’énergie conduisant à la décroissance. »
Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari (IEM).
« Le risque nucléaire, contrairement aux inquiétudes qu’il suscite parfois, est maîtrisable. Ses bénéfices sont supérieurs aux coûts, avec notamment 28 fois les émissions de CO2 de 2023 évitées depuis la mise en service du nucléaire en France. C’est indispensable de continuer à investir dans cette filière, en particulier dans un pays qui bénéficie en la matière d’une expérience de premier plan. »
Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari (IEM)
« En Europe, le financement du nucléaire et de la transition énergétique en général est particulièrement complexe en raison du manque de capitaux longs. L’Union européenne souffre d’un déficit de capitalisation boursière de 15 200 milliards d’euros par rapport aux Etats-Unis, en lien avec un manque d’épargne retraite de 17 300 milliards d’euros fin 2022. C’est un handicap pour financer la transition énergétique et l’innovation en général. Rien que pour relancer le nucléaire français il faut investir 80 milliards d’euros qui s’amortiront en plus de 50 ans. »
POUR TOUTE INFORMATION OU INTERVIEW, CONTACTER :
Nicolas Marques, directeur général, Institut économique Molinari
(Paris, langue française)
nicolas@institutmolinari.org
+ 33 6 64 94 80 61
Ou Cécile Philippe, présidente, Institut économique Molinari
(Paris, Bruxelles, langue française ou anglaise)
cecile@institutmolinari.org
+33 6 78 86 98 58
AU SUJET DE L’IEM
L’Institut économique Molinari (IEM) est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser la liberté et la responsabilité individuelles. L’Institut entend faciliter les changements, en suscitant un débat autour des idées reçues, génératrices de statu quo. Il vise à stimuler l’émergence de nouveaux consensus en proposant une analyse économique des politiques publiques, en illustrant l’intérêt de l’échange, ou en montrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités plus clémentes. L’IEM est une organisation à but non lucratif financée par les cotisations volontaires de ses membres : individus, entreprises ou fondations. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.