Île de France, les transports coûtent 3 fois plus cher que le Navigo
Texte d’opinion publié en exclusivité sur le site de l’Institut économique Molinari.
Le tarif du Pass Navigo augmentera-t-il en 2018 ? Une hausse au-delà des 75,20 euros serait à l’étude. Île de France Mobilités, l’ex STIF, souhaiterait augmenter ses recettes globales de l’ordre de 3% pour faire face aux travaux.
Le sujet a fait tache d’huile la semaine dernière, la région et le syndicat de transport cherchant à rassurer les usagers. Selon eux, la future hausse des recettes ne reposerait pas uniquement sur les voyageurs… Une argumentation à prendre avec des pincettes car beaucoup d’usagers sont aussi contributeurs via leurs employeurs ou impôts.
Petit calcul. Le PASS Navigo coûte aujourd’hui 75,20 € par mois, soit 900 € par an. C’est le coût visible.
Imaginons maintenant que notre usager soit salarié dans une entreprise parisienne de plus de 10 salariés. Son employeur est assujetti à une cotisation mensuelle de 2,95% du salaire brut. Certains pensent que cette cotisation, réglée par les employeurs, n’est pas supportée par le salarié. Dans les faits, c’est tout le contraire. C’est bien le travail du salarié qui permet et conduit l’employeur à payer 1 115 € par an.
Le Navigo coûte in fine deux fois plus cher au salarié-voyageur, mais l’addition ne s’arrête pas là.
Considérons maintenant que notre usager est aussi un contribuable. Il doit financer une partie des contributions obligatoires qu’assument les collectivités dont il relève. L’addition représente 1,8 milliard par an, dont 2/3 au titre du STIF. À cela s’ajoutent les impôts nationaux permettant d’assumer les dépenses non couvertes des opérateurs de transport, en proie notamment à des déséquilibres de leurs régime de retraite (700 millions/an de subventions d’équilibre pour la RATP et 3,5 milliards par an pour la SNCF).
On le voit, le PASS Navigo coûte bien plus que les 75,20 € par mois affichés. En 2015, le coût réel des transports d’Île de France était en fait 3 fois plus élevé que le coût visible, directement déboursé par l’« usager ».
Nicolas Marques est chercheur associé à l’Institut économique Molinari.