Roquefort, acier… gare à la montée du protectionnisme !
Brève publiée le 3 février 2009 sur le site du Journal du Dimanche.
Récemment, les États-Unis ont triplé les droits de douane sur le Roquefort français, en réponse à l’interdiction de la commercialisation du boeuf aux hormones en Europe. Même s’il se veut rassurant, le protectionnisme est un gaspillage de ressources.
Ce n’est encore qu’une goutte d’eau, mais qui pourrait enclencher une spirale protectionniste : récemment, les États-Unis ont triplé les droits de douane sur le Roquefort français, en réponse à l’interdiction de la commercialisation du boeuf aux hormones en Europe. La réponse ne s’est pas fait attendre. Un député du Nouveau Centre a immédiatement plaidé pour une surtaxe du Coca-Cola.
Ceci survient à un moment où les craintes d’un retour du protectionnisme se font de plus en plus vives. Ainsi, le plan de relance de Barack Obama interdit l’achat d’acier et de fer étranger pour les projets d’infrastructure. Interrogée à ce sujet, la ministre française de l’économie, Christine Lagarde, a affirmé que « le protectionnisme est un mal nécessaire ».
En la matière, la Grande Dépression aurait pourtant dû servir de leçon.
En 1930, Hoover faisait voter la loi Smoot-Hawley, qui augmentait fortement les tarifs douaniers sur des milliers de produits importés aux États-Unis. Pensant leur infliger des représailles, d’autres pays ont suivi les États-Unis, renforçant à leur tour leurs barrières douanières. Conséquence de cette vague protectionniste, le commerce mondial s’est effondré (voir la figure ci-dessous), entraînant dans sa chute des entreprises déjà durement touchées.
Même s’il se veut rassurant, le protectionnisme est un gaspillage de ressources, car il prive les consommateurs, mais aussi les producteurs, de biens qu’ils auraient pu obtenir à moindre prix. S’il devait ressurgir au cours des prochains mois, il menacerait sérieusement de nombreuses entreprises déjà fragiles, lesquelles seraient contraintes de licencier. L’affaire boeuf aux hormones/Roquefort/Coca-Cola peut sembler insignifiante, elle n’en est pas moins porteuse d’une logique potentiellement très coûteuse, si elle est poursuivie, pour l’économie mondiale.
Guillaume Vuillemey est chercheur à l’Institut économique Molinari.