Le gouvernement doit-il «maîtriser» les dépenses de santé ?
Brève publiée le 10 juillet 2009 sur le site du Journal du Dimanche et sur le site du journal La Provence.
Paradoxalement, les politiciens qui veulent «museler» le système de santé et rationner nos soins, nous poussent – à force de stimuli et de plans de relance – à dépenser plus pour toutes sortes de choses, comptant même là-dessus pour sortir le pays de la crise actuelle. Pourquoi ne pas maîtriser les dépenses des écrans plats, des voitures neuves ou des nouvelles maisons ?
Paradoxalement, les politiciens qui veulent «museler» le système de santé et rationner nos soins, nous poussent – à force de stimuli et de plans de relance – à dépenser plus pour toutes sortes de choses, comptant même là-dessus pour sortir le pays de la crise actuelle. Pourquoi ne pas maîtriser les dépenses des écrans plats, des voitures neuves ou des nouvelles maisons ? Pourquoi viser les dépenses de santé ? En réalité pas plus que les autres types de dépenses, les dépenses de santé, en soi, n’ont pas à être maîtrisées par l’État.
Il est intéressant de constater que le problème politique de la «maîtrise» des dépenses n’existe pas dans le secteur privé et concurrentiel. S’il se pose en santé c’est parce que les dépenses dans ce domaine ont largement été collectivisées par l’État. Elles ont pesé de plus en plus sur les budgets publics.
Face aux déficits récurrents de l’assurance maladie, l’option de revenir à davantage de responsabilité individuelle pour le «consommateur» de soins, davantage de choix et de concurrence en matière d’assurance et de prestations de ces soins, a régulièrement été écartée par les gouvernements. Elle aurait rapproché le système de santé des mécanismes d’ajustement entre offre et demande qui existent ailleurs dans l’économie permettant le cas échéant de limiter ses coûts.
Les pouvoirs publics bureaucratisent au contraire progressivement l’ensemble du système de santé afin de «serrer la vis» pour tout le monde. L’État est ainsi allé, avec la nouvelle loi Bachelot, jusqu’à mettre «sous sa tutelle» la médecine libérale, sciant un des derniers piliers de notre système de santé.
Or, l’expérience internationale le montre: en aucun cas, une telle étatisation du système ne permet d’en contenir les coûts. Elle débouche en revanche sur un système monopolistique qui, tout en coûtant plus cher aux contribuables, est source de dégradation des soins et de longs délais d’attente.
Tous ces aspects représentent de multiples coûts (souffrance, stress, qualité de vie et une productivité détériorée des patients). Absents des comptes publics, ils sont difficilement chiffrables, mais bien réels. Les coûts totaux de la santé en fait explosent, au lieu d’être maîtrisés !
Si le système français de santé présente des défauts, cette réforme risque de les multiplier. Faudra-t-il attendre la généralisation des pénuries de médecins et des files d’attente pour comprendre que la voie de réforme actuelle est une impasse ?
Valentin Petkantchin, Institut économique Molinari