Remobilisons-nous contre le Covid
Un panel de près de 400 experts invite chaque pays à poursuivre et surtout à intensifier les politiques de santé publique et de prévention qui, seules, nous permettrons de vaincre la pandémie actuelle et celles à venir. Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.
Dans un avis récent, l’Académie nationale de médecine a alerté sur le risque d’infections multiples au cours de l’hiver prochain – grippe, VRS (virus respiratoire syncytial), SARS-CoV-2 – et recommande le retour du port du masque, au moins pour une certaine catégorie de personnes et dans certains lieux.
Dans le même temps, les plus grands services de pédiatrie se sont unis pour déplorer dans une lettre une situation intenable face aux épidémies hivernales obligeant des déprogrammations, des transferts, voire du tri. Cela rappelle de très mauvais souvenirs, même si ces alertes suscitent peu d’écho chez ceux qui pensent que tout a été fait. Cette résignation n’est pas partagée par un panel de près de 400 experts, dont je fais partie. Composé de médecins, experts et représentants d’organisations de terrain de plus de 100 pays, il propose un plan d’action pour résoudre la pandémie actuelle et celles à venir.
Malgré le laisser-faire actuel vis-à-vis du Covid-19 et d’autres maladies infectieuses, il est impossible d’espérer que le problème disparaisse de lui-même. C’est pourquoi, dans le cadre d’un appel public mondial à l’action, ce panel est par venu à un consensus autour d’une série de recommandations axées sur une approche dite « vaccins plus ».
Ces suggestions combinent la vaccination anti-Covid-19 à d’autres mesures de prévention, des traitements et des incitations économiques. Publiées dans la revue Nature, ces recommandations ont été élaborées grâce à la méthode Delphi. Du nom de l’oracle grec, elle offre un modèle de délibération structuré et itératif pour surmonter les divergences et identifier les consensus.
Le consensus met en évidence les échecs à galvaniser les individus, les communautés et les institutions à travers la société. Sans une communication et une coopération efficace entre les disciplines et les organisations, notre société ne peut pas utiliser les formidables capacités que l’humanité a développées collectivement. Or, nous avons nombre d’outils à notre disposition pour lutter contre les pandémies. Nous disposons des savoir faire pour concevoir de meilleurs vaccins ou améliorer la qualité de l’air, grâce à des technologies éprouvées comme les filtres intégrés aux systèmes de chauffage, ventilation et climatisation, les purificateurs portables munis de filtres Hepa ou encore les lumières UV.
En plus d’améliorer la situation face au Covid-19, ces outils peuvent contribuer à lutter contre d’autres épidémies telles que le VRS et la grippe, à combattre les allergies et l’asthme, à réduire la pollution et à améliorer globalement la santé humaine, à l’instar des changements apportés à la qualité et à la filtration de l’eau pour la société au XIXe siècle.
II nous faut ensemble construire les structures capables de nous mobiliser contre la pandémie collectivement. Le plan proposé par le consensus est à la fois le plus crédible et le plus pratique à ce jour. L’ambition n’est autre que de retrouver une promesse et une victoire du monde moderne, celle de pouvoir vivre dans des zones densément peuplées et développées tout en minimisant les risques et en bénéficiant de la proximité des autres et de nos communautés.
Cela ne va plus de soi. Nous redécouvrons qu’il faut nous remobiliser pour préserver cet acquis, en investissant dans des moyens de santé publique capables de soutenir nos systèmes économiques et sociaux.