Le point sur Covid et ses possibles impacts économiques durables
Paris, le 27 février2023 – L’Institut économique Molinari publie un point économique montrant que l’impact du Covid long est significatif pour les sociétés développées fondées sur la division du travail.
Si un très grand nombre d’incertitudes entoure ce sujet, nombre de travaux indiquent que le phénomène mérite de s’y intéresser tant les conséquences économiques et sociales pourraient être importantes.
Covid pourrait réduire significativement la croissance potentielle (croissance moindre dans les secteurs exposés, contraction de la force de travail…) tout en augmentant les charges collectives (hausse des dépenses de santé …). Le risque existe que cette pandémie provoque un effet ciseau négatif pour nos économies et les finances publiques.
D’ailleurs, lors du dernier Forum économique mondial en janvier 2023, c’est un formidable arsenal de mesures qui attendait « les principaux leaders politiques, du monde des affaires, artistiques et intellectuels de la société » visant à les protéger de Covid.
DES CHIFFRAGES PROSPECTIFS INQUIETANTS
Aux Etats-Unis, David Cutler (Université Harvard), Katie Bach (Brookings Institution), Brendan M. Price (Federal Reserve) ou le Bureau of Labor Statistics indiquent la présence de tensions économiques qu’ils imputent possiblement à Covid :
- David Cutler (Université Harvard) arrive au coût significatif de 3 700 milliards de dollars sur 5 ans, en tenant compte de trois types de coûts : la perte de qualité de vie sur 5 ans (2 195 milliards de dollars), la perte de revenu (997 milliards) et la hausse des frais de santé (528 milliards).
- Selon Katie Bach (Brookings Institution), « Le coût annuel des seules pertes de salaire s’élève à environ 170 milliards de dollars (et pourrait même atteindre 230 milliards de dollars). »
- Brendan M. Price (Federal Reserve) constate que « les individus qui ont un Covid long sont environ 3 points de pourcentage moins susceptibles d’être employés que ceux qui ont eu Covid, sans expérimenter de symptômes de plus de trois mois. »
- Le Bureau of Labor Statistics indique que le taux de participation à la population active était seulement de 62,4%. Ce chiffre n’a pas encore retrouvé le niveau d’avant crise (63,3% en février 2020) et stagne depuis mars 2022.
- Ceci pourrait en partie s’expliquer par le concept de « longue distanciation sociale » introduit récemment par les professeurs Jose Maria Barrero (Instituto Tecnologico Autonomo de Mexico), Nicholas Bloom (Stanford) et Steven J. Davis (Chicago Booth School of Business). Il décrit les quelques 13% de travailleurs américains déclarant continuer à prendre leurs distances sociales et les 45% autres indiquant le faire de manière limitée.
En Angleterre, les données s’accumulent aussi :
- Le Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD, association de professionnels de la gestion des ressources humaines) révélait en février 2022 que « 26 % des employeurs considèrent désormais le Covid long comme une cause principale d’absence pour maladie de longue durée ».
- En mai 2022, Michael Saunders, économiste à la Banque d’Angleterre s’inquiétait de ce que depuis le quatrième trimestre 2019, le nombre de personnes âgées de 16 à 64 ans qui sont en dehors de la population active et ne veulent pas d’emploi a augmenté de 525 000, dont 320 000 personnes souffrant de maladie de longue durée et 35 000 de maladie courte.
En France, les données sont moins nombreuses mais :
- Dans son Baromètre annuel Absentéisme 2021, Malakoff Humanis note que les arrêts liés au Covid étaient en hausse significative en 2021. Ils représentaient 12 % des arrêts, contre 6 % en 2020.
- Sur les 10 premiers mois de 2022, les indemnités journalières versées par l’Assurance maladie au titre de la maladie (hors accident du travail) étaient en hausse de 49 % par rapport à 2019, de 19 % par rapport à 2021 et même de 5 % par rapport à 2020 époque où aucun vaccin n’était disponible.
Le Covid long commence à devenir un phénomène de société de plus en plus difficile à ignorer, dont l’impact sur les entreprises et le monde des affaires pourrait être important.
Avec la multiplication des travaux scientifiques, il apparait de plus en plus probable que la pandémie aura des conséquences sanitaires et économiques durables.
Si les coûts se rapprochent des évaluations formulées à ce jour, cela remet en perspective les dépenses liées à la prévention contre Covid qui mériteraient d’être mises en œuvre, en particulier sous l’angle de l’amélioration de la qualité de l’air.
LA NOTE
« Le point sur le Covid et ses possibles impacts économiques durables » a été rédigé par Cécile Philippe, Docteure en économie, chroniqueuse et auteure ou co-auteure d’une cinquantaine d’articles sur Covid dans la presse économique (Les Echos, L’Opinion, Le Point…) ou spécialisée (BMJ, The Lancet, Nature…).
Cette note est disponible en langue française : https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2023/02/point-impacts-covid-fev2023_FR.pdf
et langue anglaise : https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2023/02/point-impacts-covid-fev2023_EN.pdf
A PROPOS DE LA METHODE ET DES AUTEURS
L’Institut économique Molinari (IEM) est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser une meilleure compréhension des phénomènes et défis économiques, en les rendant accessibles au grand public. Ses travaux contribuent à stimuler l’émergence de nouveaux consensus, en proposant une analyse économique des politiques publiques illustrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités mieux réfléchies. L’IEM est une organisation à but non lucratif, financée par les cotisations volontaires de ses membres, individus, fondations ou entreprises. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.
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