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Le salarié moyen français travaille jusqu’au 17 juillet pour financer les services publics et prestations collectives. En 2024, la France reste la championne des prélèvements obligatoires sur le salarié moyen, devant la Belgique et l’Autriche

Paris, le 17 juillet 2024 – Grâce à des données calculées par EY, l’Institut économique Molinari publie, pour la 15ème année consécutive, son étude sur la pression sociale et fiscale réelle du salarié moyen au sein de l’Union européenne (UE).

Ce classement présente la spécificité de chiffrer pour l’année en cours la pression sociale et fiscale réellement supportée par les salariés moyens, avec une méthodologie robuste et uniforme dans toute l’UE à 27, permettant d’appréhender l’impact réel des impôts et charges et leurs évolutions.

La France n°1 du trio de tête des pays qui prélèvent le plus les salariés moyens

La France est championne des prélèvements obligatoires en 2024 avec une libération sociale et fiscale le 17 juillet. Jusqu’à cette date, le salarié moyen célibataire n’a pas de contrôle direct sur l’affectation des fruits de son travail. La fiscalité sur le salarié moyen ressort à 54 % lorsqu’on tient compte des cotisations sociales, la CSG et la CRDS, l’impôt sur le revenu et la TVA qui réduisent son pouvoir d’achat. Elle baisse de façon marginale par rapport à l’an passé (- 0,10 %).

La Belgique est 2ème sur le podium avec une libération sociale et fiscale le 15 juillet. L’ex numéro 1 de ce classement (de 2011 à 2015) était devenue grâce à son « Tax shift » n°2 (de 2016 à 2017) puis n°3 (depuis 2018). Elle est n°2 en 2024 avec 53,5 % de pression sociale, comme l’an passé.

L’Autriche est 3ème sur le podium avec une libération sociale et fiscale le 12 juillet, trois jours plus tôt qu’en 2023. La fiscalité sur le salarié moyen ressort à 52,9 %, en baisse significative par rapport à l’an passé (- 0,5 %) grâce à une baisse de l’impôt sur le revenu.

Sur un an, treize pays de l’UE connaissent une augmentation des prélèvements obligatoires conduisant à un recul de la date de la libération fiscale et sociale. Il s’agit de la Croatie, de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal et de la Slovénie (-1 jour de liberté fiscale et sociale), de l’Allemagne, de l’Espagne, de la Pologne et de la Tchéquie (-2 jours), du Luxembourg (-3 jours), Chypre et Malte (-5 jours) et de la Finlande (-9 jours).

Huit pays sont stables, la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, la France, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie et la Roumanie.

Six pays ont enregistré une baisse des prélèvements permettant de récupérer des jours de liberté fiscale et sociale. C’est le cas en Lituanie et Slovaquie (+2 jours), en Autriche, aux Pays-Bas et en Suède (+3 jours), en Estonie (+4 jours).

Dans 5 pays européens, les cotisations sociales et impôts sont plus élevés que le revenu disponible

Avant de disposer de 100 € de pouvoir d’achat réel, le salarié moyen doit faire face à 118 € de cotisations et d’impôts en France, contre 115 € en Belgique, 113 € en Autriche, 106 € en Allemagne, 101 € en Italie. Par comparaison, la moyenne de l’UE est de 84 €.

En France, un pouvoir d’achat réduit par 32 133 € de prélèvements obligatoires

La pression sociale et fiscale reste à des niveaux record en France et pénalise la compétitivité et le pouvoir d’achat des salariés moyens. Ils sont les plus fiscalisés dans l’Union européenne en 2023 et 2024, en dépit des réductions de cotisations sociales opérées depuis 2015, et notamment de la transformation du CICE en baisse de cotisations patronales en 2019.

Le salarié moyen français coûte 59 458 € à son employeur (9ème rang de l’UE). Mais son travail est si fiscalisé (54 %), qu’il ne lui reste que 27 326 € nets de charges et impôts (11ème rang de l’UE).

L’essentiel des prélèvements obligatoires sur le salarié moyen s’explique par les cotisations patronales (56 %) et salariales (31 %), l’impôt sur le revenu (7 %) ou la TVA ayant une place moindre (6 %).

Les cotisations sociales (27 782 €, 1er rang de l’UE) sont plus élevées que le salaire après impôts en France (27 326 €, 11ème rang de l’UE). Elles représentent 101 % du salaire net, c’est le record parmi les pays de l’UE en moyenne à 48 %.

Alors que l’employeur en France fait face à un coût du travail du même ordre que celui des pays du Nord de l’UE, le salarié moyen a un salaire net intermédiaire entre celui des pays du Nord et des pays du Sud.

Une offre de protection sociale et services publics chère

Le pouvoir d’achat du salarié moyen français est plus contraint que dans les pays de tradition sociale beveridgienne (Royaume-Uni et Irlande), mais aussi que dans les pays du Nord à tradition sociale proche de la nôtre. Pour un même coût employeur, le salarié moyen français touche 15 à 22 % de salaire net en moins que les Suédois ou Finlandais, bénéficiant eux-aussi de prestations sociales et de services publics significatifs.

L’étude montre que la pression sociale et fiscale française ne s’explique pas par une offre collective plus qualitative. Les prestations sociales publiques françaises ne sont pas « bon marché ».

C’est notamment le cas pour les retraites, qui représentent 24 % des dépenses publiques et 11 500 € de cotisations sociales pour un salarié moyen. Financées quasi exclusivement en répartition, elles ont un rendement moindre que dans les pays ayant développé des capitalisations collectives.

  • La France est seulement 11ème en taux de remplacement futur à la retraite, le montant de la retraite par rapport au salaire moyen, alors qu’elle est 3ème en termes de taux de cotisation retraite.
  • Les retraites coûtent 30 % plus cher aux salariés français avec des cotisations prélevées sur les salariés représentant 28 % du salaire brut contre 21 % en moyenne dans l’UE, pour un gain supplémentaire à la retraite d’à peine 6 %, avec un taux de remplacement une retraite future représentant 72 % du salaire contre 68 % dans l’UE.
  • Les salariés danois, champions européens de la capitalisation retraite collective, toucheront en moyenne 77 % de leur salaire (contre 68 % en France), alors qu’ils cotisent à peine 13 % de leur salaire (contre 28 % en France).

Le rapport qualité-prix est aussi médiocre dans l’éducation. En dépit d’un investissement collectif majeur – avec 9 % des dépenses publiques et 180 milliards d’euros par an en intégrant les dépenses privées – le positionnement français se dégrade :

  • Au classement PISA 2022, la France est 15ème sur les 27 pays de l’UE en mathématiques, 16ème en lecture et 14ème en sciences.
  • Selon nos travaux, la France est 18ème sur 27 pays de l’UE s’agissant de l’efficacité de la dépense d’éducation et de formation. Si elle se rapprochait des pays les plus efficaces, les mêmes résultats pourraient être atteints en économisant 16 milliards d’euros ou 9 % de la dépense intérieure d’éducation chaque année.

Plus de prélèvements obligatoires ne signifie pas plus de bien-être

L’étude montre que la pression sociale et fiscale française n’est pas synonyme de mieux vivre. Elle montre que la satisfaction vis-à-vis de la vie est meilleure dans onze pays ayant une pression fiscale et sociale moindre : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la République Tchèque, la Slovénie et la Suède.

A PROPOS DU JOUR DE LIBERATION FISCALE

Le Jour de libération sociale et fiscale est le jour où le salarié moyen arrête en théorie de payer des charges et des taxes et peut disposer à sa guise des fruits de son travail. Cette date, présentée parfois comme le jour où le salarié cesserait de « travailler pour la collectivité », est plutôt celle où il devient libre d’utiliser, comme il le souhaite, les fruits de son travail.

Les calculs portent sur un salarié célibataire ayant le salaire moyen de chaque pays. Ils tiennent compte des cotisations patronales et salariales aux régimes obligatoires de droit public ou de droit privé (mutuelles, fonds de pension…), de l’impôt sur le revenu et de la TVA applicable en 2024.

La particularité de cet indicateur de liberté économique est de rendre concrète la situation des salariés moyens de l’UE en intégrant la fiscalité sur le travail et la consommation de chaque pays. Les calculs des cotisations sociales aux régimes obligatoires, qu’ils soient de droit public ou de droit privé (mutuelles, fonds de pension…) et d’impôts sur le revenu sont faits par EY pour les 27 pays de l’UE.

CITATIONS

Nicolas Marques, Directeur général de l’Institut économique Molinari, co-auteur

« En dépit des allègements de cotisations sociales, parfois présentés à tort comme des aides aux entreprises, les salariés moyens français restent les plus fiscalisés d’Europe, devant les Belges et les Autrichiens. Leur pouvoir d’achat est plus contraint que partout ailleurs en Europe.

Penser que les entreprises ont les moyens de corriger structurellement cette situation en modifiant le partage de la valeur ajoutée est une illusion. Un employeur en France doit débourser 218 € pour qu’un salarié moyen dispose de 100 € de pouvoir d’achat. C’est le record en Europe. Le pouvoir d’achat est obéré en France par les cotisations sociales et patronales, qui représentent 101 € pour 100 € de pouvoir d’achat net d’impôt.

Pour redonner du pouvoir d’achat aux salariés, il faudrait avoir le courage d’affronter les enjeux structurels français avec des réformes systémiques, telle la généralisation de la capitalisation retraite collective, permettant de maintenir le pouvoir d’achat des retraités sans sacrifier celui des salariés.

Chez nos voisins, et notamment au Danemark, une part significative des pensions est financée avec des capitalisations collectives. Cela rend le financement des retraites moins coûteux, augmente le pouvoir d’achat des actifs et retraités, tout en réduisant les inégalités patrimoniales avec une partage encore plus large de la valeur ajoutée. »

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari et co-auteure

« Contrairement aux idées reçues, l’importance des charges sociales et des impôts en France n’est pas la marque de meilleurs services publics.

Les retraites, qui absorbent 24 % des dépenses publiques, sont plus coûteuses que dans les pays européens s’appuyant à la fois sur la répartition et la capitalisation collective (Danemark, Pays-Bas, Suède…). La santé et l’assurance maladie, qui absorbe 20 % des dépenses publiques, souffre d’engorgements, d’un manque d’innovations et sacrifie la prévention. Nos dépenses d’éducation, qui absorbent 9 % des dépenses publiques, présentent un mauvais rapport qualité-prix avec une inefficience de l’ordre de 9 %. Dans plusieurs domaines clefs, la population constate une dégradation du service rendu en dépit d’une pression fiscale record.

Pour bien dépenser, il faut avoir le courage de vérifier le rapport qualité/prix des services publics. Nous avons perdu l’habitude de faire cette démarche de bon sens et de corriger le tir lorsque le rapport qualité/prix des prestations collectives n’est pas au rendez-vous. Il n’y a pas de raison que service public rime avec cher et médiocre. »

James Rogers, chercheur associé à l’Institut économique Molinari, co-auteur

« Les salariés français, belges, autrichiens, allemands et italiens consacrent toujours plus de la moitié des sommes distribuées par leurs employeurs en charges et impôts.

Cela vaut la peine de se demander pourquoi ils ne reçoivent pas en retour les retraites les mieux financées, les meilleurs soins de santé ou les meilleures écoles et pourquoi ils ne sont pas en tête des indicateurs de développement humain ou de bien-être ».

RESSOURCES

L’étude La pression sociale et fiscale réelle sur le salaire moyen au sein de l’UE en 2022 (15ème édition, 46 pages) est disponible ici en Français (version UE et Royaume-Uni) à : https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2024/07/etude-fardeau-fiscal-eu-2024.pdf

Une carte Datawrapper est disponible : Taux réel de taxation du salarié moyen en 2024
https://www.datawrapper.de/_/bI53h/

Ainsi que 5 tableaux Datawrapper :

A PROPOS DE L’INSTITUT ECONOMIQUE MOLINARI

L’étude est écrite par Nicolas Marques, Cécile Philippe, et James Rogers de l’Institut économique Molinari.

L’Institut économique Molinari (IEM) est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser une meilleure compréhension des phénomènes et défis économiques, en les rendant accessibles au grand public. Ses travaux contribuent à stimuler l’émergence de nouveaux consensus en proposant une analyse économique des politiques publiques illustrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités plus clémentes. L’IEM est une organisation à but non lucratif, financée par les cotisations volontaires de ses membres, individus, fondations ou entreprises. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.

POUR TOUTE INFORMATION OU INTERVIEW, CONTACTER

Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, co-auteur de l’étude
nicolas@institutmolinari.org, +33 6 64 94 80 61

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, co-auteure de l’étude
cecile@institutmolinari.org, +33 6 78 86 98 58

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