Radio : Laisser le marché gérer la transition écologique!
Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, diffusée sur les ondes de Radio classique le 10 décembre 2013.
Chaque matin, dans «Des Idées Neuves», des professeurs, des directeurs de think tanks, des journalistes agitent, interrogent et bousculent notre système. Leurs projets de réformes inédites et iconoclastes pourraient inciter nos entreprises et nos institutions à imaginer un nouveau modèle économique.
Retrouvez Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, sur les ondes de Radio classique.
Laisser le marché gérer la transition écologique?!
Oui. L’idée c’est que la concurrence entre tous les acteurs de l’industrie et de l’énergie les incite en fait à explorer davantage, à abandonner les mauvaises solutions et à adopter celles qui s’avèrent les plus efficaces. Qui dit efficacité, dit moins de déchets et diminution in fine de l’empreinte carbone. Bref, tout cela est favorable à une transition écologique.
Est-ce suffisant ? L’intervention de l’État dans la transition énergétique ne permettrait-elle pas de faire mieux ?
C’est ce que la plupart des pays ont tendance à croire et en particulier la France où les divers gouvernements sont toujours fortement intervenues en matière énergétique, à commencer par le soutien à l’énergie nucléaire.
Ce qu’on néglige cependant trop souvent, c’est que ces interventions ne répondent pas forcément aux objectifs. L’énergie nucléaire pose encore et toujours la question cruciale du recyclage des déchets radioactifs, notamment parce que les filières largement soutenues par les États ont privilégié l’uranium. Quant au bilan énergétique et carbone des énergies renouvelables – très fortement subventionnées – reste mitigé et l’électricité produite ne représente toujours que 1,3% du total.
Donc sauf à défendre un rationnement en énergie – comme le suggère d’ailleurs François Hollande –, ce qui est contraire au souhait du gros de l’humanité qui souhaite voir son niveau de vie s’améliorer, il faut créer une transition énergétique la plus compétitive possible car elle sera aussi la mieux à même de se verdir.
Comment verdir nos sources d’énergie actuelles ?
Vous avez raison de parler au pluriel car l’énergie du futur sera un mix énergétique composé de différentes sources d’énergie. On pense évidemment aux énergies dites renouvelables ou vertes comme l’énergie solaire, éolienne et les biocarburants mais il y a surtout toutes les sources d’énergie fossiles qui se verdissent au fil du temps, à commencer par l’exploitation du pétrole non conventionnel, sables bitumeux ou gaz de schiste ou même l’énergie nucléaire.
Des énergies fossiles qui se verdissent, c’est possible ça ?
Oui, ça veut tout simplement dire que l’impact environnemental de l’exploitation de ces sources d’énergie diminue au fur et à mesure que les innovations se multiplient et que le progrès technique s’améliore.
Un exemple ?
Oui, prenons tout d’abord celui du pétrole conventionnel. En dépit de sa mauvaise réputation, il est intéressant de rappeler que grâce à lui, on a évité l’extinction des baleines qui alimentaient le marché de l’huile pour s’éclairer.
Plus intéressant est l’exemple de l’exploitation au Canada des sables bitumeux qui permettent de produire du pétrole synthétique. Fortement critiquée pour son impact sur l’environnement (paysages, utilisation d’eau, CO2, etc.), on constate – grâce aux progrès techniques – que depuis les années 90, la consommation d’énergie par baril de pétrole synthétique produit a été diminuée de 45% et les émissions de gaz à effet de serre de 29% et les développements futurs sont prometteurs si on veut bien laisser jouer la concurrence.
Voir Desrochers, Pierre et Shimizu, Hiroko, «Comment l’innovation rend les sables bitumeux de l’Alberta plus verts», Institut économique de Montréal, octobre 2012.