Vendre ses subventions !
Depuis le 30 avril 2009, il est possible de vérifier si une entreprise bénéficie de la Politique agricole commune. Si les plus gros exploitants touchent la majeure partie des subventions, un autre aspect de ce système a souvent été occulté, à savoir que les producteurs agricoles sont devenus pathologiquement dépendants des subventions.
Depuis le 30 avril 2009, il est possible de vérifier si une entreprise bénéficie de la Politique agricole commune. Si les plus gros exploitants touchent semble-t-il la majeure partie des subventions – fait largement médiatisé –, un autre aspect de ce système a souvent été occulté, à savoir que les producteurs agricoles sont devenus pathologiquement dépendants des subventions.
En effet, toucher des aides fait tellement partie intégrante du « business modèle » des agriculteurs qu’en cas de vente de leur exploitation – pour départ à la retraite par exemple – ils seraient en mesure, apprend-t-on, de les « vendre » !
Et il y a de quoi « vendre » ! Il suffit de voir la longue liste des subventions octroyées en soutien à l’agriculture.
On subventionne d’abord la production : « aides à l’écoulement sur le marché intérieur », « restitutions à l’exportation », aides et primes diverses (« prime brebis chèvre », « prime spéciale aux bovins mâles », « prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes », …), etc. Mais les pouvoirs publics subventionnent aussi les agriculteurs pour qu’ils arrêtent de produire : aides au gel des terres, à la cessation d’activité laitière, à l’arrachage des vergers, des vignes, etc. ! Sans oublier les aides agro-environnementales, à « l’aménagement de l’espace rural », voire même aux activités hippiques !
En 2007, les aides publiques à l’agriculture (hors enseignement et recherche), soit 27,7 milliards d’euros, ont ainsi été plus de 80 % supérieures au revenu net des agriculteurs (15,4 milliards d’euros) !
Vendre « ses » subventions signifie cependant que les nouveaux exploitants qui veulent se lancer en agriculture doivent payer un prix initial plus élevé. En plus des actifs productifs agricoles (bétail, terre, machinerie, etc.), on leur vend de facto le « privilège » de toucher des subventions ! Celles-ci, ayant profité aux producteurs en place, peuvent ainsi se transformer en redoutables « barrières à l’entrée » !
Payées par les contribuables, les subventions empêchent la concurrence dans ce secteur et rendent in fine les producteurs français et européens moins efficaces. Aux dépens des contribuables et des consommateurs, que nous sommes !
*Valentin Petkantchin est directeur de la recherche de l’Institut économique Molinari