Le faux choix cigarette-flipper
Une version de cet article a été publié par Les Echos le 22 janvier 2007.
Vous avez certainement déjà observé comme il est facile de faire lâcher un jouet à un enfant en bas âge, si vous détournez son attention en lui tendant un bonbon ou une autre friandise. Le gouvernement français use d’une stratégie similaire pour faire avaler l’interdiction de fumer aux établissements fréquentés par les fumeurs, comme les bars, les cafés, les discothèques et les restaurants.
Vous avez certainement déjà observé comme il est facile de faire lâcher un jouet à un enfant en bas âge, si vous détournez son attention en lui tendant un bonbon ou une autre friandise. Le gouvernement français use d’une stratégie similaire pour faire avaler l’interdiction de fumer aux établissements fréquentés par les fumeurs, comme les bars, les cafés, les discothèques et les restaurants.
En effet, il a adopté en novembre dernier un décret interdisant la cigarette dans les lieux publics qui est entré en vigueur à compter du 1 er février 2007. Les cafés, les tabacs et les restaurants auront néanmoins jusqu’au 1 er janvier 2008 pour s’adapter. Mais pour compenser les effets de cette interdiction et pour « faire avaler la pilule », le gouvernement propose de favoriser les jeux traditionnels (baby-foots, flippers, jeu de fléchette, billards et autres) utilisés dans les bars et les cafés, en annonçant une baisse considérable de leur fiscalité. Les joueurs sont ainsi censés prendre la place des fumeurs.
Il est vrai que la fiscalité avait atteint des sommets, à tel point d’ailleurs, que ces jeux étaient de plus en plus retirés. Les taxes pouvaient atteindre 92 euros par appareil, somme qui pouvait être en réalité multipliée par deux, trois ou quatre, par les conseils municipaux.
Selon les dires du ministre français délégué au budget, Jean-François Copé, il n’y aurait désormais qu’un seul impôt de 5 euros par appareil et par an. Contrairement à d’autres secteurs où il n’est guère question de baisses d’impôts pour stimuler l’économie française, le gouvernement attend paradoxalement dans ce cas la création de près de 600 nouveaux emplois directs dans la filière.
Bien que ce soit indiscutablement une bonne décision en soi pour dynamiser le secteur des jeux, elle ne fait pas pour autant disparaître les inconvénients liés à l’interdiction de fumer.
Tout d’abord, bien qu’à la mode dans plusieurs pays, l’interdiction reste tout de même largement inutile pour les établissements qui veulent véritablement se déclarer non-fumeurs. Il faut rappeler que les lieux, dont il est question, tels que les restaurants, les bars, les cafés et les discothèques, restent des lieux privés et que c’est dans l’intérêt de leurs propriétaires d’interdire volontairement la cigarette quand la fumée est effectivement gênante pour leur clientèle.
Une demande pour des établissements sans fumée ouvre indiscutablement des opportunités de profits que les entrepreneurs sont prêts à saisir. Ainsi, avant l’interdiction, les consommateurs avaient déjà le choix entre des établissements pour non-fumeurs, pour fumeurs, ou mixtes, dans la mesure où la loi l’autorisait. Les propriétaires sont en mesure de proposer l’air ambiant qui correspond le mieux à leur clientèle spécifique, de la même façon qu’ils lui proposent les menus et l’ambiance musicale les mieux adaptés à leurs préférences.
Contrairement à une interdiction des pouvoirs publics, la liberté d’entreprendre des propriétaires permet in fine de concilier bien plus efficacement les préférences de tous les consommateurs concernés, qu’ils soient fumeurs ou pas. Et les non-fumeurs restent en mesure d’éviter les supposés risques liés au tabagisme passif, si jamais ils le veulent réellement, simplement en ne fréquentant pas les établissements fumeurs.
Valentin Petkantchin, Institut économique Molinari